Depuis plusieurs années, la population de caribous forestiers au Québec est en déclin constant, avec une estimation actuelle de 5252 individus. Face à cette crise écologique, le gouvernement québécois s’était engagé en 2016 à mettre en place une stratégie de protection de l’habitat du caribou. Cependant, les délais s’accumulent et les signes d’avancement sont minces.
Dans les 8 années qui se sont écoulées depuis que le gouvernement du Québec s’est engagé à mettre en place une stratégie de protection du caribou forestier, une quantité incroyable d’information sur l’état des populations de caribou forestier au Québec et les solutions potentielles pour assurer sa sauvegarde a été accumulée. Le gouvernement dispose maintenant de toutes les informations nécessaires pour la création d’un plan : les possibilités forestières actualisées, les rapports de commissions indépendantes et les données d’inventaires des hardes québécoises. Cependant, le gouvernement semble incapable de franchir l’étape cruciale de la consultation interministérielle. Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les Changements Climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, n’a pas encore obtenu l’aval de ses collègues ministres, ce qui soulève des questions quant à la cohésion gouvernementale sur cette question pressante. Cette stagnation empêche la soumission d’une première ébauche de la stratégie pour consultation publique.
L’aspect économique semble au cœur du débat, avec des préoccupations exprimées quant aux impacts socioéconomiques de la stratégie, notamment sur les travailleurs de l’industrie forestière. Le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, a récemment souligné l’importance de préserver les emplois dans ce secteur tout en reconnaissant la nécessité de protéger le caribou.
Le fédéral, représenté par le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, a exprimé son impatience face à l’inaction du Québec. Une lettre officielle a été envoyée au ministre Benoît Charette la semaine dernière pour rappeler au gouvernement québécois son engagement envers la protection de l’habitat du caribou. Dans sa lettre, Steven Guilbeault donne au gouvernement du Québec jusqu’au 1er mai pour présenter sa stratégie de protection, sans quoi le gouvernement fédéral se verra forcé de prendre unilatéralement des mesures pour protéger l’habitat du caribou forestier. Malgré les pressions d’Ottawa et des Premières Nations, l’industrie forestière reste un lobby puissant qui exerce une influence significative à Québec. Les retards dans la mise en place d’une stratégie de protection du caribou forestier reflètent également un débat plus large sur l’avenir de l’industrie forestière et la nécessité d’une transition vers des pratiques plus durables. Alors que les délais s’accumulent, le sort du caribou forestier et de son habitat demeure incertain, mettant en lumière les tensions entre conservation de la nature et développement économique.