La fin des activités d’Air Saguenay, à l’automne 2019, laissait présager un vide dans l’accès aux territoires de chasse et de pêche de la Côte-Nord. Le transporteur aérien Air Tunilik est venu changer la donne : l’entreprise a racheté plus de la moitié des bases d’Air Saguenay, dont celle de Natashquan, et exploite déjà les installations.
En plus de faire des allées et venues au lac à l’Avion, Air Tunilik opère des bases à Manic-5, Caniapiscau, Havre-Saint-Pierre et Sept-Îles. L’entreprise dessert en tout huit endroits dans la province, en plus de sites mobiles. Ses principaux clients sont des pourvoiries, que la pandémie a frappées de plein fouet. Aux yeux de Simon Contant, président d’Air Tunilik, le retard dans l’ouverture des pourvoiries a condamné la saison estivale. « On a commencé les opérations pratiquement un mois en retard, signale-t-il. Puis, les pourvoyeurs ne peuvent presque pas peuvent rentrer de clients à cause des mesures. On a perdu une grosse partie de notre chiffre d’affaires. »
Parmi les nombreuses répercussions de la pandémie sur l’entreprise basée à Laval, le prolongement de la fermeture de la frontière canado-américaine frappe fort. M. Contant affirme qu’Air Tunilik essuie une perte d’environ 20 % de son chiffre d’affaires parce que les touristes états-uniens ne peuvent pas traverser les douanes. « Plusieurs pourvoyeurs ont une clientèle américaine. Plusieurs [d’entre eux] n’ouvriront pas du tout cette année, donc ça affecte notre clientèle », explique-t-il.
L’homme d’affaires de 32 ans ne cache pas avoir sollicité une aide financière de la part du gouvernement provincial pour qu’Air Tunilik maintienne ses services partout sur la Côte-Nord. « On espère une aide de 5-6 millions de dollars », lance le jeune président, en arguant que les banques ne sont pas très réceptives vis-à-vis le secteur de l’aviation.
Faire décoller le tourisme d’ici
Malgré un lancement houleux de ses opérations dans la région, Simon Contant constate qu’une nouvelle forme de tourisme lui amène davantage de jeunes clients. « On a une clientèle de personnes qui prennent leur canot ou leur kayak et descendent des rivières. C’est une clientèle qu’on a de plus en plus. On est en train d’équiper tous nos avions pour le transport de ce type de clientèle », confirme-t-il.
M. Contant enjoint les Québécois à considérer leur province lorsque vient le temps de choisir une destination de vacances. « Il n’y a personne qui sait qu’il existe des plages et des endroits magnifiques sur la Côte-Nord et dans le Nord du Québec », s’étonne-t-il, même s’il est conscient que les coûts peuvent en dissuader plusieurs. « C’est quand même dur à croire que ça coûte plus cher aller en vacances au Québec que d’aller en vacances à Cancún! », s’exclame celui qui cumule près de 7000 heures de vol en tant que pilote de brousse.
Air Tunilik, n’est en pas à ses premiers décollages : né en 2002 à Schefferville, le transporteur aérien est aujourd’hui en pleine expansion. Sa flotte d’appareils compte six hydravions de type Beaver et trois de type Otter, et pourrait se garnir d’un Cessna Caravan ou d’un Otter supplémentaire dans les prochains mois. L’entreprise n’exclut pas d’augmenter son offre de services dans le futur, mais se concentre plutôt à stabiliser ses activités nord-côtières. « On veut essayer de donner un service égal ou mieux à ce que le précédent opérateur donnait », assure Simon Contant.
FAIT SAILLANTS D’AIR SAGUENAY
Mars 2020 : échec du projet de coopérative des employés
Novembre 2019 : cessation des activités et mis en vente des actifs
Juillet 2019 : accident mortel au lac Mistastin (Labrador)
Février 2018 : fermeture de la chasse sportive au caribou
Août 2015 : accident mortel aux Bergeronnes
2011 : acquisition de Déraps Aviation
Juillet 2010 : accident mortel à Chute-des-Passes
1980 : Air Saguenay se lance dans le transport de brousse