Saison touristique record dans l’Est de la Minganie

Ce n’est plus un secret pour personne :  la Côte-Nord, cette année comme la précédente, a fait partie des régions du Québec qui ont été privilégiées par un afflux touristique inestimable. Or, si on parlait déjà d’affluence monstre l’an passé, la popularité de la région n’a depuis cessé de croître, jusqu’à atteindre un nombre historique de visiteurs cet été.  

La Copacte estime à 9700 le nombre de touristes qui ont franchi le seuil de la porte de de l’accueil touristique de Natashquan tout au long de la saison estivale. Ces données ne représenteraient toutefois pas la teneur intégrale de l’affluence touristique au village, considérant que ce n’est pas tous les touristes qui s’arrêtent au bureau d’accueil touristique.

« Si on dit que c’est le tiers de fréquentation au bureau d’accueil, ça veut dire qu’on va dans les 30 000 personnes à Natashquan cet été », Estime Fanny Lachambre, coordonnatrice à la Copacte.

La municipalité d’Aguanish a également été happée par une marée de touristes. Du début de la saison estivale jusqu’à la fin du mois d’août, c’est près de 4 245 personnes qui ont déferlé au pôle d’accueil touristique. Et encore, « compte tenu de l’achalandage dans les différents commerces, au camping, dans nos sites de débordement, nous pouvons sans contredit affirmer qu’au moins un visiteur sur deux n’arrête pas au bureau d’accueil. » affirme Manon Vigneault, conseillère en séjour à la municipalité d’Aguanish.

Les chiffres abondent dans le même sens du côté de Baie-Johan-Beetz, alors que le nombre de personne qui se sont présentés au pôle touristique pour chercher de l’information s’élève à 1166 en juillet uniquement, ce qui équivaut à une augmentation de 101% comparativement au même mois l’an passé.

 L’achalandage des autres offres touristiques suit la même tendance que celle constatée au niveau de l’hébergement. On rapporte que le nombre de visiteurs a aussi doublé pour les visites de la Vieille École et au Bord du cap à Natashquan, et ce, malgré une capacité maximale réduite pour des raisons liées à la pandémie, rapporte Fanny Lachambre.

Explosion des taux d’occupation

Le téléphone n’a pas dérougi du côté du camping municipale de Natashquan. Denis Landry, le responsable du camping nous informe par ailleurs que l’endroit affichait complet avant même le début de la saison touristique. « On a commencé à prendre des réservations dans le mois de mars ». Selon ses calculs, jusqu’à 10 000 personnes auraient foulées le sol sablonneux du camping municipal cet été.

Pour sa première année d’activité, le camping de Baie-Johan-Beetz a quant à lui enregistré 164 nuitées pour le mois de juillet, contre 336 en août. Avec une capacité d’accueil maximale de 12 tentes sur le site, Cindy Fortier, adjointe administrative à la municipalité, exprime le souhait de garder le lieu intime, au grand bonheur des campeurs qui se réjouissent de la tranquillité de l’endroit.

Le camping Nutshimit érigé du côté de Pointe-Parent ne fait pas exception à la règle. « La demande était là, cette année c’était vraiment bon. On ne s’attendait pas à ça, ça a comme donné un coup de tonnerre. Bang. Ça arrive d’un coup comme ça. » se réjouit Marc-André Kaltush, co-propriétaire et co-président du camping. Il rapporte un premier bilan annuel exemplaire avec « presque tous les terrains remplis presque à chaque soir ».

Il en va de même pour le camping du Relais des Cayes à Aguanish, qui a également connu un sommet d’achalandage cette année. « Il y a des journées de janvier ou j’avais jusqu’à 20 appels par jour de gens qui voulaient réserver pour l’été. » affirme André Gallant, le co-propriétaire du camping. Résultat : tous les emplacements de bord de mer étaient pris dès le mois d’avril, toujours selon M. Gallant qui dit avoir déjà une vingtaine de réservations de prises pour l’an prochain.

De plus, l’affluence des véhicules récréatifs était telle à Natashquan que des zones de débordement ont dû être aménagées à deux endroits différents dans la municipalité. Par ailleurs, certains secteurs ont nécessité une surveillance plus accrue afin de bien encadrer la pratique du camping sauvage.

« S’adapter »

Le mot d’ordre de cette saison touristique? L’adaptation, résume Marc-André Kaltlush, le co-propriétaire du camping Nutshimit n’a pas eu le choix de se plier aux différentes demandes de la clientèle en ajoutant au fil de la saison estivale des activités à son offre d’hébergement.

Il affirme que touristes avaient beaucoup d’appétit pour le volet culturel autochtone. Il prévoit donc travailler davantage au développement d’activités à saveur culturelle pour les années futures. « On parle d’augmenter et d’avoir une vingtaine de tentes montagnaise, pour fournir et répondre à la demande. « On a trop d’idées, et on veut évoluer aussi. »fait savoir Marc-André qui dit aussi garder à l’œil les éventuels projets de développement qui pourraient avoir lieu du côté de Pointe-Parent.

À ce propos, la mairesse Marie-Claude Vigneault affirme que le projet n’en est, pour le moment, qu’à l’étape des discussions. Elle n’est donc pas en mesure de confirmer si ces futurs développements touristiques auront lieu ou pas l’an prochain. « Il ne faut pas dédoubler l’offre non plus, avance-t-elle, Il y a plein de travail à faire, Il y a une belle vision, il peut y avoir des belles choses, mais la municipalité à son mot à dire. »

Manque criant de main d’œuvre

Bien que plusieurs entreprises du secteur touristique fassent état d’une année « exceptionnelle », la grande majorité des acteurs du milieu touristique sondé s’entendent tous sur un même constat : « Le seul problème, c’est le manque d’employé! », déplore le co-propriétaire du camping du Relais des Cayes à Aguanish.

Il admet avoir fait appel à l’aide de sa conjointe, elle aussi co-propriétaire du camping afin de l’aider pendant les périodes chaudes de l’été. « Sinon j’aurais probablement dû réduire le nombre d’emplacement offert » affirme celui qui opère le camping depuis maintenant 22 ans.

Le secteur de la restauration n’y a pas non plus échappé. Le restaurant Le Goût du Large a aussi souffert de cette pénurie d’employé, qui a empêché au restaurant de fonctionner de façon optimale. La co-propriétaire Marina Landry affirme que quelques employés de plus auraient sans doute permis de garder le restaurant ouvert pendant les fins de semaines.

Le restaurant Fumoir Le Goynish a aussi éprouvé de la difficulté à trouver des employés pour travailler au restaurant tout au long de la saison estivale qui s’est aussi avérée très occupée, selon la propriétaire Rolande Blais.

Le café bistro l’Échouerie, avec une équipe majoritairement constituée de montréalais, a aussi fracassé des records avec une moyenne de 280 clients servis par jour.  

Nouvelle tendance?

La présence accrue des Québécois sur la Côte-Nord cet été donne à l’industrie touristique un espoir nouveau. Or, si ces chiffres laissent présumer une montée fulgurante du tourisme dans la région, Fanny Lachambre, affiche un optimisme prudent quant à lui suite des choses lorsqu’il est question de l’affluence touristique à prévoir dans le futur. « Je pense qu’il y a quelque chose qui s’est lancé, quelque chose qui s’est découvert, les gens en sont là, à se questionner sur leur façon de voyager, résume-t-elle. Le dépaysement va prendre un autre sens, moi je pense qu’il va y avoir encore du monde, peut-être un peu moins, mais ça va rester quand même davantage que les 4000 habituels. »

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