La brasserie La Mouche ouvre grand les ailes

Après avoir connu un été plus que chargé, le fondateur de la brasserie artisanale La Mouche, Gabriel Turner, désire doubler, voire quadrupler sa production de bière pour répondre à la demande grandissante des consommateurs.

Pour ce faire, une embouteilleuse automatique est apparue dans les locaux de la brasserie. C’est grâce à elle que Gabriel entend augmenter le débit de production puisque la machine, achetée usagée d’une brasserie ontarienne, étiquette, date, rince, remplit, encapsule et lave les bouteilles qui cheminent en son sein. Le processus est beaucoup plus rapide que l’embouteillage et l’étiquetage faits à la main, qui nécessitent quatre paires de bras et une centaine d’heures de travail. La machine, elle, fait le tout en 20 heures.

« Le gros avantage, c’est d’être capable de faire l’embouteillage plus vite et avec moins de monde », résume Gabriel, qui ajoute que la machine doit toutefois être surveillée puisque pas encore tout à fait au point. « Pour l’instant, ça prend encore trois personnes pour l’opérer. »


La Muddler est la bière la plus connue de la brasserie La Mouche. (LDH)

C’est que l’embouteilleuse a dû être modifiée pour répondre au format plus petit de bouteilles que La Mouche a adopté, soit les bouteilles classiques de 341 ml au lieu du demi-litre vendu auparavant. « Il y a beaucoup de gens qui trouvaient que l’ancien format, c’était trop pour une personne. Ils hésitaient à ouvrir la bière parce qu’ils étaient tous seuls et attendaient d’être deux », explique Gabriel. L’utilisation de la bouteille standard engendre aussi des économies lors de la production, puisqu’elle coûte 0,20 $ l’unité au lieu de 0,60 $ pour le format de 500 ml.

« Même si pour chaque litre rempli, ça prend trois bouteilles [de 341 ml] alors que ça n’en prenait que deux de l’autre format, ce sont des économies. Ç’a l’air négligeable, mais en bout de ligne, ça fait qu’on peut offrir la bière un tout petit peu moins cher », indique-t-il.

De plus, le format standard a permis le lancement des caisses de six bouteilles, ce qui a grandement plu au public qui s’est arraché les produits de La Mouche tout au long de l’été. « Je pense qu’avec un calcul rapide, on parlait de 12 000 litres vendus pour la saison estivale », avance Gabriel. Ces chiffres incluent l’approvisionnement de bière en fûts, notamment pour le café-bistro L’Échouerie. Cependant, cette production était loin de répondre à la demande. « On a été pris de court par l’achalandage. Certaines productions de cet été ne sont pas sorties de la Minganie. »

« Ça nous prendrait quatre fois plus que ce qu’on fait en ce moment. On aimerait ça doubler la production d’ici Noël, ce qui devrait être possible avec l’arrivée de l’embouteilleuse », jauge Gabriel. Dans le meilleur des mondes, « ça ressemblerait à 2220 litres par semaine, à peu près 6000 bouteilles par semaine, tout dépendant des productions de fût ».

La croissance de la production passe également par une diminution du temps de fermentation des bières, d’un minimum de six semaines. « J’essaie de développer des procédés de fermentation pour raccourcir ça, pour être rentable, tout simplement. »

Vers de nouvelles bières et plus loin encore

Si Gabriel Turner vise à gonfler sa production, c’est dans un but de pérennité pour l’entreprise. Il compte tabler sur une production en continu de la Muddler, bière phare de la microbrasserie, mais aussi sur d’autres produits qui devraient garnir les tablettes des points de vente de la Minganie dans les prochains mois. La création de la Pompier, une lager à 4 %, est un projet de longue date en collaboration avec la veuve du créateur de cette mouche, Michel Beaudin, décédé du cancer il y a quelques années. « Tous les pêcheurs à la mouche ont ça dans leur coffre de pêche. C’est un grand classique », mentionne Gabriel. La Pompier sera une bière de soif « portée sur la céréale », avec une « buvabilité vraiment l’fun », se réjouit-il.

Une autre bière est en train de fermenter dans les locaux de La Mouche, issue d’une collaboration avec la microbrasserie des Îles-de-la-Madeleine, À l’abri de la tempête. Le produit, au nom encore inconnu, devrait être disponible un peu avant le temps des Fêtes. Il s’agit d’une seconde bière éphémère en peu de temps pour la brasserie, après la Sarvijaakko, bière forte à 6 %, qui a fait une apparition fugace au début d’octobre.

Si La Mouche réussit à augmenter sa production, quelle est l’étape suivante pour la brasserie? « Prêts, pas prêts, l’année prochaine, je pense qu’on va avoir un petit kiosque sur le terrain », anticipe Gabriel, évoquant le projet de boutique qui devait se faire en 2020 avec l’entreprise De baies et de sève. « On travaille aussi pour avoir un marché en ligne, vêtements et accessoires. On aimerait aussi, en attendant d’avoir la boutique, éventuellement que les gens puissent placer des commandes en ligne et venir les chercher à la brasserie le lendemain. »

Bref, les idées ne tarissent pas pour faire grossir la microbrasserie, qui n’a toutefois pas l’ambition « d’être comme Molson ou Labatt ». « Mon but, ce n’est pas d’envoyer de la bière à Montréal ou à Québec, ou que des millions de litres se brassent ici, soutient Gabriel, mais j’aimerais ça qu’on puisse assurer un approvisionnement local important ». « C’est clair que la priorité, ce sont les gens de la Minganie. »

Laurence Dami-Houle | Initiative de journalisme local

Bachelière du programme de journalisme de l'Université du Québec à Montréal. Amoureuse des mots, bibliophile et cinéphile. Intéressée par les enjeux culturels, l'environnement et la politique.

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