La persévérance scolaire à l’honneur à Natashquan

Dans le cadre des Journées de la persévérance scolaire 2021, qui avaient lieu du 15 au 19 février, des certificats célébrant la persévérance en milieu scolaire ont été remis à certains élèves de l’école Notre-Dame-des-Anges lors d’une tournée de classe jeudi.

« Est-ce que vous êtes capables de me dire ce que ça veut dire “persévérance”? », lance d’emblée le directeur de l’école, Nelson Lamoureux, lorsqu’il entre dans chacune des classes. Des réponses fusent, parfois gênées, parfois rigolotes. « Est-ce qu’il y en a parmi vous qui aiment la pêche? », relance le directeur. Les mains se lèvent et des « oui » bien sentis se font entendre.

« Quand vous mettez une ligne à l’eau, est-ce que ça arrive souvent que vous attrapiez un poisson du premier coup? » « Non » ou « jamais », répondent les enfants. « Alors qu’est-ce que vous faites? Vous remettez votre ligne à l’eau jusqu’à temps que vous en pêchiez un. Et si vous n’attrapez pas de poisson cette fois-là, est-ce que vous arrêtez de pêcher à tout jamais? Bien sûr que non, vous retournez encore et encore jusqu’à ce que vous attrapiez une prise. C’est ça, la persévérance », conclut M. Lamoureux. Des plus petits aux plus grands, l’allégorie fait sourire et les têtes opinent.

Si l’explication définit le terme « persévérance », l’application du concept en milieu scolaire va bien au-delà de l’image de la pêche – ou de celle des figures (tricks) en VTT pour les élèves plus âgés. Les enseignants et le personnel de soutien posent des petits et des grands gestes pour encourager les élèves, explique la technicienne en éducation spécialisée au secondaire Hélène Monger.

« Souvent, c’est avec des mots d’encouragement. À chaque jour, on essaie de dire un petit quelque chose », mentionne-t-elle – d’où l’idée des 13 certificats remis aux jeunes choisis par leur enseignant-e et par l’orthopédagogue Caroline Gleeton, ainsi que les mots personnalisés remis à tous les élèves du secondaire. Mais « ce n’est pas parce qu’un élève a reçu un certificat de persévérance qu’il est meilleur que les autres, prévient le directeur Nelson. C’est que les efforts de plus qu’il ou elle a mis méritent d’être soulignés aux yeux de son professeur. Vous méritez tous de vous faire dire “Lâchez pas!” »

Quand persévérance et valorisation vont de pair

La persévérance en milieu scolaire dépasse les simples encouragements, exprime Vanessa Courville, enseignante de 5e et 6e années. « C’est une responsabilité pédagogique, d’accompagner un élève et de faire en sorte que chaque élève dans la classe a son importance et une place pour son individualité », fait-elle valoir.

L’accompagnement aux élèves peut prendre différentes formes, allant du simple moment à part avec le jeune pour s’enquérir de ce qui va et ne va pas à la participation à des activités de récupération, indique Hélène Monger. « Il n’y a pas de formule magique pour les interventions du personnel enseignant et de soutien, chaque jeune est différent. » Le plus important, c’est d’assurer un suivi et d’être présent, affirme-t-elle.

Pour Nelson Lamoureux, la persévérance scolaire repose sur quatre piliers : la motivation de l’élève, l’harmonisation entre la vie scolaire et la vie personnelle, la capacité de l’élève à réussir et la valorisation de l’éducation. « La capacité de l’élève à réussir, c’est un facteur qui appartient à l’école. On doit mettre l’élève dans un contexte où la réussite est possible en lui offrant un parcours adapté à ses capacités et à ses aspirations. »

La valorisation de l’éducation compte pour beaucoup, estime M. Lamoureux. « L’école peut faire son bout, mais une part de la responsabilité revient à la famille. » Selon lui, l’éducation doit être vue « comme une clé pour l’avenir et non pas juste un passage obligé ». « Il faut donner des raisons concrètes de pourquoi on apprend telle ou telle chose », renchérit Hélène Monger. Les aider à définir des objectifs est primordial, sinon « les élèves ne voient pas l’intérêt de venir à l’école ».

Par exemple, montrer la diversité des métiers possibles « peut ouvrir des portes dans l’esprit de l’élève », avance M. Lamoureux, ou conserver un espace pour la création dans les apprentissages, glisse Vanessa Courville. « L’enfant porte déjà quelque chose en lui qui peut éclore au grand jour sous la forme de passions, il suffit que l’enseignant fasse une expérience scientifique ou un atelier de création littéraire pour que ça se révèle », spécifie-t-elle.

Mettre sur le doigt sur ce qui les passionne mène à une plus grande motivation, donc à rendre les élèves plus enclins à persévérer, croit M. Lamoureux. « Je ne m’attends pas à ce que tous les élèves adorent l’école dans tous les contextes et tout au long de leur vie, précise le directeur, mais on s’efforce de les amener le plus loin possible dans leur cheminement scolaire ». L’école ne peut toutefois pas agir sur tous les fronts, constate-t-il.

Les défis liés à la persévérance scolaire sont nombreux : manque de concentration, difficultés dans une matière spécifique, conciliation travail-études, énumère Anna Déraps, élève de secondaire 1. L’établissement Roger-Martineau a diverses ressources sous la main, dont des éducatrices, une technicienne en loisir, une orthopédagogue et des classes d’adaptation scolaire. Une intervenante qui parle l’innu-aimun des Services sociaux de la communauté de Nutashkuan s’ajoute parfois au lot. Du côté du Centre de services scolaire de la Moyenne-Côte-Nord, une ressource est disponible pour travailler avec le personnel enseignant. Les élèves peuvent compter sur un autre recours : leurs camarades de classe.

« Il faut demander l’aide de ses amis quand on bloque sur un truc. Parfois, ils ne sont pas meilleurs que nous, s’esclaffe Anna, mais ça encourage tout le monde à continuer. »

Photo d’en-tête : Le directeur de l’école, Nelson Lamoureux, et l’orthopédagogue Caroline Gleeton ont passé de classe en classe pour remettre les certificats de persévérance scolaire aux élèves. // Laurence Dami-Houle

Laurence Dami-Houle | Initiative de journalisme local

Bachelière du programme de journalisme de l'Université du Québec à Montréal. Amoureuse des mots, bibliophile et cinéphile. Intéressée par les enjeux culturels, l'environnement et la politique.

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