Situé à 3,5 km d’Aguanish, le hameau de l’Île-Michon occupe une place particulière dans l’histoire régionale. À l’occasion des festivités du 175e anniversaire d’Aguanish et de l’Île-Michon, revisitons les origines et le développement de cette petite communauté au riche passé.
Avant l’arrivée des premiers Acadiens, l’Île-Michon était déjà fréquentée par les Innus, qui la nommaient Mihiu Minishtiku, signifiant « l’île où il défèque ». Ce lieu naturel, à la fois port d’abri et point stratégique pour la chasse et la pêche, a ensuite vu s’installer plusieurs familles qui allaient fonder le village que l’on connaît aujourd’hui.
Selon la Commission de toponymie du Québec, il existe deux versions du récit des origines du hameau de l’Île-Michon. La première raconte qu’en 1850, un artisan nommé Jean Michon serait venu sur l’île pour y fabriquer des barques de pêche. La seconde évoque un naufrage survenu en novembre 1876, impliquant un capitaine du nom de Jean-Phydime Michon. Bien que les récits diffèrent, tous deux attestent de la venue d’un monsieur Michon, donnant ainsi son nom à l’île.
Les premiers arrivants
Dans les années 1870, les premiers habitants s’établissent sur l’île. Onézime Boudreault, Simon Boudreault, et Eusèbe Lapierre accompagnés de leurs familles décident de s’installer sur l’emplacement actuel du village. Ils sont rejoints par Eusèbe Chevarie et son épouse Élisabeth Lacoste peu après. Ensemble, le groupe pose les fondations de la communauté. Une seconde vague d’arrivées a lieu en 1880 avec des membres de la famille Lapierre (Joseph, Amédée et André) et d’autres Boudreault (Philomène et Jean). En 1910, Damien Devost, son père Jules et son jeune fils Louis, âgé de deux ans, quittent les Îles-de-la-Madeleine pour s’installer à l’Île-Michon, attirés par les opportunités qu’offrait l’endroit à l’époque. D’autres familles viendront s’ajouter au fil des ans, consolidant ainsi le caractère unique et solidaire de cette communauté.
En 1914, un bureau de poste ouvre ses portes au hameau sous le nom d’Île-Michon. Il desservira les quelques familles établies dans la région pendant plus de 100 ans avant de fermer à la fin de 2023, symbolisant la fin d’une époque pour cette communauté qui doit maintenant aller chercher son courrier à Aguanish.
Un port de mer naturel
Qu’est qui a attiré toutes ces familles à l’emplacement actuel du village de l’Île-Michon? Le port de mer en serait la raison principale. Il est reconnu pour abriter du vent et des vagues. Les barges de pêche et les demeures étaient donc plus protégées qu’ailleurs sur la côte. L’emplacement donnait un accès plus facile à la mer qu’à Aguanish, où les courants de la rivière Aguanus rendent la navigation difficile.
La pêche, la chasse et le trappage ont longtemps été les principales activités économiques du hameau, permettant aux habitants de subsister. Cependant, les changements socio-économiques de la région au fil du temps ont poussé la majorité des hommes à s’exiler sur les chantiers pour faire vivre leurs familles.
Héritage et célébration
Alors qu’Aguanish et l’Île-Michon célèbrent leur 175e anniversaire cette année, l’histoire du hameau de l’Île-Michon rappelle l’importance de préserver la mémoire des petites communautés rurales. Aujourd’hui, l’Île-Michon demeure un témoin vivant de l’ingéniosité et de la résilience des familles qui ont su s’adapter à un environnement parfois hostile pour y bâtir une vie durable.
Ce résumé a été rédigé à partir des informations contenues dans le livre « La vie du Père Victor Lachance à Aguanish : Une période de foi » de Cécile Déraps paru en 2011.