Entrevue avec Julien Barnoin, président du conseil d’administration du journal Le Portageur

Au conseil d’administration du Portageur depuis 2016, Julien Barnoin en est maintenant le président depuis 2021. Il nous parle de son parcours et de son lien avec le journal. Voici un extrait de l’entrevue réalisé avec lui le 25 janvier dernier.

Julien Barnoin (Photo par Stéphanie Landry)

JG : Bonjour Julien, merci de prendre le temps de venir nous parler afin que nos lecteurs puissent découvrir l’équipe du Portageur. Pour commencer, pourrais-tu nous parler de ton lien avec la région?

JB : À l’origine, c’est parce que j’ai rencontré Stéphanie Landry. C’est une longue histoire, mais on s’est rencontré pendant que j’étais encore à Montréal. On s’était rencontré en ligne en 2004, et on s’était connus à distance pendant quelques années avant qu’elle déménage à Montréal en 2008. On a été plusieurs années à Montréal en appartement ensemble. On travaillait tous les deux dans le domaine des jeux vidéo à cette époque-là. Stéphanie vient de Natashquan, c’est la fille de Paulette. Elle ne planifiait pas revenir à Natashquan au début, mais on a fini par décider que ce serait une bonne idée en 2015, voyant qu’on était assez autonome dans notre travail et qu’on pouvait le faire à distance. En voyant la maison historique de sa grand-mère en vente, on a décidé de la reprendre, de la rénover et de déménager ici. Une décision un peu sur un coup de tête, mais on ne le regrette pas du tout.

JG : Pourrais-tu nous parler de ton parcours jusqu’au Portageur? Après avoir déménagé ici, qu’est-ce qui t’a amené à t’impliquer dans Le Portageur?

JB : Pour ce qui est du Portageur, ça a été quand même assez rapide. Pas très longtemps après que je sois arrivé, on s’est lié d’amitié avec plusieurs personnes, dont Marie-Ève Gagnon qui était la présidente du conseil d’administration. Ça n’a pas pris de temps avant qu’elle me suggère de venir participer aux réunions et de devenir membre du conseil d’administration, donc je me suis joint assez vite au conseil d’administration pour donner un coup de main. Au début, je me disais surtout que ce que je pouvais apporter c’était de l’aide au niveau informatique, puisque c’est mon domaine et je voyais qu’il y avait des besoins à plusieurs niveaux. Marie-Ève a démissionné de la présidence en 2021 pour consacrer plus de temps à d’autres projets. À ce moment-là, j’étais un de ceux qui avaient le plus d’expérience donc c’est vers moi que la présidence s’est tournée et… je fais de mon mieux! C’est sûr que j’ai des responsabilités un peu élargies par rapport à ce que je me disais au début, mais quand je vois qu’il y a un besoin, j’essaie de le prendre. Je remplis les trous comme ils se présentent pour m’assurer que ça tourne.

JG : Quand Marie-Ève a démissionné en 2021, est-ce que c’était clair dans ton esprit que tu prenais la relève?

JB : Disons que les membres du conseil d’administration m’ont plus ou moins désigné comme étant la personne appropriée pour ça, ce que j’ai accepté. Donc, ça s’est fait assez rapidement. C’est sûr qu’à cette époque-là, c’était plus ou moins Nicole qui faisait tout. Elle nous prémâchait beaucoup le travail, ce qui faisait que c’était un peu moins demandant parce qu’elle en prenait beaucoup sur ses épaules, y compris des choses qui seraient normalement du ressort du conseil d’administration. Comme elle était si expérimentée et qu’elle connaissait tout, elle préparait toutes les réunions et elle en faisait vraiment beaucoup. Donc, c’était plutôt facile pendant un certain temps, mais c’est sûr qu’avec les évènements qui ont suivi, il y a eu beaucoup plus à apprendre pour le conseil d’administration en général. On a dû en prendre plus sur les épaules, ça a pris un certain temps se retourner, mais on y arrive.

JG : Justement, voudrais-tu nous parler un peu de comment tu as vécu le décès de Nicole et la transition en tant que président du CA?

JB : C’est sûr qu’on était tous sous le choc quand on a appris la nouvelle. Ça a été très surprenant et on était un peu désemparés face à ça, surtout qu’on avait tous un deuil à vivre étant donné que c’était une amie pour nous tous au-delà de son rôle de directrice. En revanche, on savait tout de suite qu’il fallait qu’on se ressaisisse par rapport à l’organisme et qu’on trouve une façon de le faire continuer. On considérait que la meilleure façon de porter hommage à Nicole et de lui montrer notre respect était de continuer son action. Et au-delà de Nicole, on considérait tous que Le Portageur était vraiment important pour le tissu social de la région et pour le lien entre les habitants. En étant une région peu peuplée et éparpillée, je pense que tout ce qui renforce le lien entre les gens et entre les villages est important, et Le Portageur en est une partie importante à mon avis. Donc, on savait tout de suite qu’on voulait trouver des façons d’assurer la continuité dès que possible, mais on n’était pas tout à fait sûr comment.

Heureusement, Julie Sauvé nous a aidé grandement pour la transition immédiate. Sans elle, c’est quasiment certain qu’il y aurait eu une interruption immédiate des publications. Étant donné qu’elle avait les connaissances de la direction et de la distribution du journal, elle était la personne toute désignée pour pouvoir continuer les publications. Elle s’est proposée pour prendre la relève pendant une période de transition ce qu’elle a très bien fait jusqu’en mars 2023 avec Olivier Savard qui était en poste en tant que journaliste de l’IJL (Initiative de Journalisme Locale). Avec la fin du contrat d’Olivier, Julie nous avait fait savoir qu’elle avait d’autres projets que de continuer le journal. Prendre le journal seule sur ses épaules aurait été trop. Donc on a interrompu les publications à partir de mars 2023, et on a recommencé à pousser dans notre recherche pour un nouveau directeur du journal ainsi que pour un nouveau journaliste. C’était les deux recherches en parallèle, puis on savait que les deux seraient difficiles.

Ensuite, il y a eu la candidature de Nathalie Boudreault qui était un peu inespérée et qui nous a permis de redresser le journal pendant une certaine période, suivie par Annie-Jade qui nous a joints l’automne dernier. Disons que particulièrement entre le départ de Julie et la candidature de Nathalie, on ne savait pas trop quelles étaient nos perspectives, parce que les candidats ne se pressent pas au poste! On savait que c’était un poste difficile à pourvoir et exigeant, ça prenait quelqu’un de vraiment passionné. Personne ne viendra faire ça pour gagner de l’argent, c’est vraiment la passion d’aider les gens et des villages de la région qui poussent les gens comme Nathalie ou Annie-Jade à prendre des postes comme celui-là. Ce n’est pas pour faire fortune (rire)!

JG : Pourquoi t’impliquer dans Le Portageur encore aujourd’hui? Qu’est-ce qui t’intéresse dans ce projet de journal?

JB : Chacun a un petit peu son interaction avec le journal. Il y en a pour qui c’était quelque chose qu’ils vivaient déjà au quotidien depuis longtemps, mais moi je l’ai découvert principalement en arrivant ici en 2015. Ce que je trouvais intéressant, de mon point de vue, c’est que Le Portageur est un très beau facteur d’intégration pour les nouveaux arrivants comme moi. Ça me permettait de découvrir les noms, les activités et les nouvelles de la région. En tant que nouvel arrivant, on se sent tout de suite connecté à la communauté en recevant le journal dans sa boîte aux lettres chaque semaine. Je trouvais vraiment que c’était une très belle façon d’être accueillis. Étant donné que le journal est envoyé à toutes les boîtes aux lettres que l’on soit là depuis 30 ans ou que l’on vienne d’arriver, c’est comme un facteur d’égalisation dans la diffusion de l’information que je trouvais vraiment très beau. Ça me tient beaucoup à cœur que ça se perpétue, et je continue à m’impliquer parce que j’en vois le besoin. Je veux continuer à m’assurer que ça fonctionne aussi bien que possible. L’existence du journal n’était pas en jeu pendant les débuts où j’étais là. À ce moment-là, c’était juste pour donner un coup de main, mais on a eu une période où l’idée était vraiment de s’accrocher parce qu’on ne voulait pas que ça disparaisse. C’est le genre d’organisme, maintenant que je le vois avec le recul, qui est beaucoup plus facile de laisser disparaître que d’en monter un nouveau. D’ailleurs, c’était l’inquiétude de plusieurs personnes pendant une période. Si on fermait nos portes, remonter un journal de zéro et repartir un organisme c’est une tâche énorme! Donc, il faut vraiment tout faire pour éviter que ça disparaisse parce que les chances que ça revienne et que quelqu’un d’autre décide de monter un journal sont assez minces.

JG : Merci beaucoup pour ton temps Julien, et en conclusion, en quelques mots, Le Portageur ça représente quoi pour toi?

JB : Une partie très importante du lien communautaire et culturel de la région.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *