Entrevue avec Florence Malec, directrice de la radio communautaire Ushashumek Kaiamiumistuk

Directrice depuis 2020, Florence Malec a essayé presque tous les postes de la radio depuis les débuts de son implication en 2006. Elle nous parle de son expérience et de la place de la radio à Nutashkuan.

Florence Malec (Photo par Julien Greschner)

JG : Bonjour Florence, merci de prendre le temps de venir nous parler. On fête cette année les 45 ans de la radio de Nutashkuan, pourrais-tu me parler de la place que la radio a occupé dans ta jeunesse?

FM : Je me souviens que ma tante, Estelle, était impliquée dans la radio. Elle passait souvent par la radio quand il y avait un bingo. Il y avait aussi ma tante Marie-Rose (Régis) et son mari (Philias Régis) que j’ai vus quand ils ont débuté la radio, il y a maintenant 45 ans. Moi, je suis dans la cinquantaine, ça veut dire que j’avais 7 ou 8 ans quand la radio a débuté. Je me rappelle avoir vu ma tante Marie-Rose aller au presbytère, je pense pour des réunions du CA (conseil d’administration). Ce sont peut-être ces premiers contacts qui m’ont éveillé un peu, parce que je ne me voyais pas à la radio quand j’étais jeune. Quand j’étais petite, j’étais gênée, plus renfermée, donc je ne me voyais pas faire de la radio plus tard.

JG : Qu’est-ce qui a changé?

FM : Je ne sais pas. Je voyais mes collègues parler à la radio. J’ai donc décidé d’essayer une fois, puis j’ai aimé. Maintenant, tout le monde me dit de continuer le bingo parce qu’ils trouvent que je le fais bien.

JG : Pourrais-tu me parler de ton parcours à la radio?

FM : Je suis arrivée à la radio en 2006 ou 2007 et je ne l’ai pas laissée depuis ce temps-là. Ça a pris beaucoup de temps avant que je parle à la radio en onde. Au début, j’étais au bingo. Je faisais et vendais les cartes. J’étais à l’arrière-plan de la radio, je préparais les choses. J’ai fait du travail de préparation pendant cinq ou six ans. Depuis la première fois que j’ai fait le bingo en direct, ça n’a pas arrêté. On m’a continuellement demandé de parler à la radio comme animatrice du bingo. Avec les années, j’ai donc été commis de bureau, commis de bingo, animatrice, directrice adjointe et, depuis 2020, directrice.

JG : Tu as donc fait tous les postes à la radio?

FM : Il me manque juste la conciergerie (rires)! Je n’aurais jamais pensé que je serais directrice un jour, ça m’a pris comme un coup de vent. Puis, ça n’a pas lâché depuis.

JG : Qu’est-ce qui te motive à travailler à la radio?

FM : Mes collègues, on jase ensemble et on parle à la radio. On a tout le temps travaillé ensemble. On est trois avec Marie-Rose (Wapistan) et Marie-France (Wapistan). On a aussi des remplaçantes lorsqu’on prend des congés. J’aime bien faire de la radio avec elles.

JG : Qu’est-ce que la radio représente pour toi?

FM : C’est le noyau de la communauté pour la circulation de l’information. La radio est devenue essentielle par chez nous pour transmettre des messages. Il y a beaucoup de bulletins d’information du conseil de bande, des services de premières lignes, du centre de santé, de l’école, du CPE, etc. On a aussi des capsules culturelles. C’est une place importante pour faire rayonner l’innu-aitun (la culture innue). Alors, pour moi, c’est une fierté d’être encore ici.

JG : Comment entrevois-tu le futur de la radio?

FM : Il faut que ça continue comme en ce moment. Je veux que la radio continue de grandir. Un nouveau bâtiment éventuellement serait bien. Ça nous donnerait plus d’espace. On prend ça au jour le jour. On ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve.

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