La région du Saint-Laurent est confrontée à des défis climatiques importants et la faible quantité de glace dans le golfe depuis le début de l’hiver en est un bon exemple. De nouveaux records de température ont été enregistrés en 2023, mettant en lumière des phénomènes inhabituels dans le fleuve, l’estuaire et le golfe.
Le premier mois de l’année 2024 a été marqué par des températures relativement douces dans la région, selon le bilan météorologique mensuel d’Environnement Canada. À Sept-Îles, par exemple, la température moyenne a été de -11,5 °C, soit 3,8 °C de plus que la normale saisonnière. Cette tendance a eu un impact sur la couverture de glace du Saint-Laurent qui a atteint la troisième plus faible couverture de glace enregistrée pour le mois de janvier depuis le début des relevés d’environnement Canada en 1968-69. En effet, le golfe avait une couverture de glace de seulement 2,6 % à la fin de janvier, alors que la normale est plutôt de 21,2 %.
Le retard de l’englacement est aussi dû aux températures plus chaudes dans le golfe qui ont été influencées par les vagues de chaleur inédites qu’a connu le fleuve en 2023. Dans un reportage récent de Radio-Canada, Peter Galbraith (chercheur en océanographie physique à l’institut Maurice-Lamontagne de Mont-Joli) a présenté les données de température qui ont été récoltées par son équipe au courant de l’année dernière. Il constate que le golfe et l’estuaire ont connu des températures anormalement élevées. Des vagues de chaleur ont été observées tout au long de l’année, avec des pics en juillet et en septembre. Plus particulièrement, au mois de septembre, dans l’estuaire et le nord-ouest du golfe, les températures les plus chaudes de toutes les données satellites recueillies depuis 42 ans ont été enregistrées, atteignant jusqu’à 5 °C au-dessus des moyennes saisonnières. Les courants océaniques ont joué un rôle majeur dans ce phénomène, avec un apport accru d’eaux chaudes du Gulf Stream dans le Saint-Laurent.
Ainsi, la combinaison d’un hiver plus doux et des températures anormalement élevées du golfe cet automne explique donc en grande partie le faible niveau de glace que l’on peut observer dans le golfe cette année. Ces changements rapides de température affectent négativement l’équilibre écologique de la région, alors que les espèces marines sensibles aux variations de température sont particulièrement menacées.