Crise dans l’industrie du crabe de la Côte-Nord : Le prix en chute, la main-d’œuvre en péril

L’industrie du crabe des neiges est confrontée à une série de défis majeurs alors que la saison de pêche bat son plein.

Une conjonction de facteurs, allant de la chute des prix à la pénurie de main-d’œuvre, suscite des inquiétudes quant à la viabilité de l’industrie de la pêche au crabe des neiges sur la Côte-Nord. D’une part, une analyse de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) souligne une tendance préoccupante : le prix du crabe des neiges décline vertigineusement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, avec une baisse spectaculaire de 67,5 % entre 2022 et 2023, passant de 15,56 $/kg à 5,05 $/kg. En 2023, l’industrie terre-neuvienne a été affectée par une situation où le marché japonais a été inondé de produits russes bon marché, entraînant la perte d’un de ses principaux acheteurs. Cette situation a conduit l’industrie terre-neuvienne à se recentrer vers les États-Unis, un marché déjà saturé depuis 2022. Cette réorientation a mené à un effondrement du prix du crabe des neiges pour les exportateurs vers le marché américain comme le Québec. Les États-Unis constituent la principale destination (environ 93 %) des exportations internationales de crabes des neiges du Québec depuis près de vingt ans. La dépendance au marché américain rend les pêcheurs et les transformateurs vulnérables à la concurrence étrangère et aux conditions économiques mondiales. Cette réalité explique les grandes fluctuations de prix d’année en année pour les pêcheurs de la région.

La situation actuelle place les pêcheurs dans une situation de précarité économique similaire à celle des années 2005-2010, où le prix moyen du crabe des neiges était de 4,83 $/kg. Bien que les quotas de pêche demeurent élevés, la rentabilité des entreprises s’en trouve menacée. Pour 2024, le prix s’annonce légèrement plus élevé. Après une offre initiale contestée de 2,50 $ par livre des transformateurs, une entente est survenue jeudi de la semaine dernière entre les pêcheurs de la zone 16 et les propriétaires d’usines sur le prix au débarquement. C’est 3 $ par livres, soit 6,61 $/kg, qui seront payés aux pêcheurs au débarquement. Il s’agit d’un prix provisoire.

Toutefois, l’industrie fait face à une autre crise sans précédent au même moment : la pénurie de travailleurs mexicains dans les usines de transformation de la région. Les usines de transformation, maillon essentiel de l’industrie de la pêche au crabe, font face à un déficit de travailleurs en raison des retards dans l’octroi des visas pour les travailleurs mexicains. Cette situation crée une incertitude quant à la capacité des usines à fonctionner à plein régime pour la saison de pêche, compromettant ainsi la valorisation du crabe des neiges sur place. Présentement, à l’usine de Baie-Trinité, seulement 12 des 75 travailleurs mexicains sont arrivés. Cette crise pousse les acteurs de l’industrie à envisager des solutions radicales. Certains pêcheurs de la zone 16 étudient la possibilité de vendre leur prise dans d’autres régions, voire au Nouveau-Brunswick, afin de contourner les problèmes liés à la main-d’œuvre sur la Côte-Nord qui diminue significativement les quantités de crabes que les usines locales peuvent accepter. Une limite de 10 000 livres par jour est présentement imposée au pêcheur de la région.

La députée de Manicouagan, Marilène Gill, appelle à une intervention immédiate du gouvernement fédéral pour résoudre la crise des visas et préserver l’avenir de cette industrie cruciale pour l’économie régionale. En entrevue à MaCôteNord.com, elle affirme : « C’est complètement irresponsable de laisser notre industrie de la pêche en raison d’une planification inadéquate du traitement pour les visas de ces travailleurs. Ce n’est rien de moins que la vitalité de nos villages, et les emplois de nos concitoyens qui sont menacés. » Madame Gill exhorte le gouvernement fédéral à prendre des mesures concrètes pour accélérer le traitement des visas et assurer l’arrivée des travailleurs mexicains dans les plus brefs délais. Elle rappelle que l’industrie de la pêche est un pilier économique crucial pour de nombreuses communautés côtières, et que son fonctionnement optimal est essentiel pour garantir la prospérité et la pérennité de la région.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *