Crabe des neiges : une 3e baisse de quotas en trois ans

Les quotas de pêche de crabe des neiges ont diminué de 15 % pour la saison 2021 dans la zone 16, qui connaît une troisième année consécutive de quotas à la baisse.

La baisse était prévisible, estime Jean-René Boucher, directeur de l’Office des pêcheurs de crabe de la zone 16, mais les détenteurs de permis auraient préféré une diminution de 5 % tel que demandé à Pêches et Océans Canada. « On aurait pu prendre jusqu’à 10 %, mais le 15 %, on le trouve un petit peu fort. »

Une première baisse des quotas de 15 % avait été imposée en 2019, puis une autre de 25 % en 2020.

Les pêcheurs de la vaste zone, qui s’étend de Pointe-des-Monts à Natashquan, ont accès à un taux autorisé de capture (TAC) de 1951,4 tonnes et à un prix à quai de départ à 5,75 $ la livre. M. Boucher qualifie de « prix de consolation » ce qui a été négocié avec l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP). « On aurait préféré avoir un meilleur quota, mais le prix au débarquement vient légèrement compenser », souligne-t-il. En 2020, la moyenne du prix à quai était de 3,05 $/lb.

Le cycle de vie du crabe des neiges, qui s’étale sur huit à dix ans, se situerait présentement dans son plus creux selon le suivi de population de l’espèce de Pêches et Océans Canada. Le ministère se base sur les tableaux de bord des pêcheurs, les relevés post-saison et les études dans la baie Sainte-Marguerite.

La réduction du TAC est nécessaire pour « assurer la pérennité de la biomasse du crabe des neiges », a affirmé le directeur du secteur Côte-Nord de Pêches et Océans Canada, Andrew Rowsell, lors d’une entrevue à la radio CILE de Havre-Saint-Pierre. « On veut la protection et la conservation de la ressource, assure M. Boucher. On ne peut pas amputer les stocks qu’on a présentement et faire en sorte que les prochaines saisons soient moins bonnes. »

Les changements climatiques menacent l’habitat du crabe des neiges, qui se développe dans des eaux froides entre 0 et 2°C. Une étude récente de l’Institut Maurice-Lamontagne a montré que les profondeurs du golfe du Saint-Laurent enregistrent des températures de plus en plus chaudes, brisant chaque année les records de l’année précédente. Selon le chercheur en océanographie physique Peter Galbraith, l’absence de glaces sur le fleuve cet hiver n’est pas favorable à la création d’une couche intermédiaire froide propice au développement du crabe, entre les eaux de surface et les eaux profondes.

COVID-19

La saison 2020 de la pêche de crabe des neiges en zone 16 avait été marquée par un début tardif et la pandémie qui battait son plein. Les mesures de protection sanitaire alors implantées demeurent en place cette année : port du masque dans les endroits clos, lavage des mains et distanciation de deux mètres. Les observateurs de la firme-conseil Biorex, mandatée par le MPO, devraient toutefois retourner à bord des navires, une décision qui laisse les pêcheurs « pris entre l’arbre et l’écorce », indique M. Boucher. « On a besoin des données des observateurs, mais on préférerait, d’un point de vue pandémique, ne pas les avoir sur les bateaux. » Le protocole présenté par Biorex est satisfaisant, certifie-t-il.

Ce sont 51 détenteurs de permis et leurs équipages qui prendront la mer le 1er avril pour débuter leur saison de pêche au crabe des neiges dans la zone 16.

Photo d’en-tête : Julie Sauvé

Laurence Dami-Houle | Initiative de journalisme local

Bachelière du programme de journalisme de l'Université du Québec à Montréal. Amoureuse des mots, bibliophile et cinéphile. Intéressée par les enjeux culturels, l'environnement et la politique.

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