Érosion | Un problème également présent à Aguanish

L’érosion dans la région fait surtout parler à Pointe-Parent, en raison de la sévérité des dégâts, mais des dommages risquent également de prendre place à Aguanish d’ici quelques années.

Olivier Savard, journaliste, Initiative de journalisme local

Quelques secteurs à Aguanish sont victimes d’une érosion accélérée depuis quelques années, selon l’agente de développement municipal Fanny Lachambre. « Le site du festival s’est notamment empiré de façon accélérée depuis les deux dernières années, en partie en raison des deux tempêtes de l’automne dernier », confie-t-elle.

L’ancien site du camping, à l’Île-Michon, est également victime d’érosion, en plus de maisons sur le long de la rivière Aguanish qui sont à risque. Cependant, la problématique pourrait s’empirer d’ici quelques années si des actions ne sont pas prises.

Un besoin de données

Des demandes ont été effectuées au ministère de la Sécurité publique, mais « la situation n’est pas considérée suffisamment urgente », croit Fanny Lachambre.

« On a fait une demande pour obtenir l’autorisation de faire des mesures d’atténuation temporaires, mais selon le MSP, la situation n’est pas suffisamment urgente pour apporter de l’aide. Si nous n’installons pas de mesures d’atténuation temporaires bientôt, ce n’est pas certain que nous allons pouvoir rouvrir le site du festival. Cependant, pour le ministère, la situation n’est considérée que préoccupante, sans être urgente. Si nous avons besoin de bouger trois maisons en raison de l’érosion, par exemple, ce sera considéré moins important que si nous devions bouger la moitié du village, mais trois maisons à l’échelle du village, ça demeure assez important », explique Mme Lachambre.

Une donnée corroborée par l’aménagiste Catherine Simard-Côté, qui travaille avec la MRC de Minganie. « Le MSP a un budget d’intervention pour les situations considérées « imminentes », où plusieurs maisons seraient sur le point de tomber ou auraient tombé en raison de l’érosion. Il y a également un autre fonds, qui est sensiblement plus petit, et il appuie le programme de prévention des sinistres, mais il y a encore là une sélection et une priorisation qui se fait par le MSP dépendant de ce qui est en danger, de son importance et du nombre de personnes potentiellement affectées », ajoute Mme Simard-Côté.

Un besoin de données se fait donc ressentir pour la municipalité. « Nous avons besoin de données, de photos du passé pour comparer la perte de territoire, c’est pourquoi nous demandons la participation des citoyens d’Aguanish. Avec du financement, par exemple, ce serait possible d’effectuer une étude de cas par nous-mêmes. »

Des demandes ont également été déposées au ministère de l’Environnement. « On a besoin de l’autorisation ou d’une dérogation du ministère de l’Environnement si nous voulons faire l’installation de mesures d’atténuation, et c’est ce qu’on est en train d’aller chercher, mais on continue de faire des recherches et des démarches de l’autre côté afin de prouver que la situation est suffisamment urgente au MSP », résume Mme Lachambre.

Le problème se situe dans l’évolution accélérée de l’érosion. « Une étude a paru en 2021 avec l’aide de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), et les projections ainsi que les prévisions du MSP ne sont cependant plus vraiment à jour. Ainsi, les prévisions du MSP affichent une érosion de 0.6 m par an en moyenne sur le territoire, mais nous avons mesuré une érosion qui s’approche de trois mètres dans les deux dernières années, soit environ 1.5 m par an: deux fois et demi les prévisions », précise l’agente de développement municipal.

La situation a donc sensiblement empiré depuis la pandémie, selon Mme Lachambre. « Des discussions avaient pris place avant la pandémie, mais aucune mesure n’avait vraiment été prévue. Je dirais qu’on ne prenait pas autant ça au sérieux avant 2020; il y a une prise de conscience qui s’est faite dans les deux dernières années. »

« Ce n’est pas que nous ne voulons pas intervenir, c’est qu’on ne peut pas intervenir sans l’aide du ministère de la Sécurité publique ou sans l’autorisation du ministère de l’Environnement. Il y a beaucoup de choses à prendre en ligne de compte, et nous effectuons notre possible dans ce dossier », termine Fanny Lachambre.

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