À l’hiver 2016, Nancy Boucher, diététiste nutritionniste à la communauté innue, répond à un appel de proposition de Santé Canada visant la sécurité alimentaire. L’idée de développer un jardin collectif prend racine et Nancy se met à rêver de terre, de fruits frais, de beaux gros légumes, des verts, des rouges, des blancs, elle en souhaite de toutes sortes connus et moins connus, d’autres à découvrir.
À la suite de la présentation de ce projet elle obtient 3 000 $. C’est un début. Elle reçoit l’appui de Québec en forme et de la Table intersectorielle régionale – Saines habitudes de vies, à l’époque.
Manquant d’expertise, elle fait appel à Claude Lussier de la Coopérative Le Grenier boréal de Longue-Pointe de Mingan. Arrivé avec deux stagiaires, Claude donne une petite formation de quelques heures, horticulture 101 à Nancy et à une douzaine de personnes intéressées par le projet. À l’extérieur, les stagiaires s’affairent à préparer la terre et faire les buttes pour l’ensemencement.
Le choix de l’emplacement, près du dispensaire, est dirigé par la proximité et la disponibilité de l’eau nécessaire à tout jardin en période d’été même à Nutashkuan. Mais le défi ne s’arrête pas là, le vent est présent, la saison est courte, les chiens errants bien présents, les insectes ravageurs, et plus. Une clôture devient nécessaire pour protéger ce lopin de terre. Une bonne irrigation est indispensable. La jardinière et son équipe reçoivent l’appui du conseil de bande qui offre machinerie et main-d’œuvre. La période électorale à l’été 2016, ralentit, par contre, les élans. Alors on compose avec ces imprévus.
Semences et récoltes
In extrémis, on arrive à semer. Par la suite, la nature entre en scène et avec un peu d’aide laisse sortir les premiers légumes et les fruits à la grande satisfaction des jardiniers en herbe… les fraises sont particulièrement belles et bonnes.
On cultive, on récolte, on déguste, on découvre, on cuisine et ce sont les meilleurs aliments du monde puisqu’ils proviennent de notre terre. La fraicheur y est, le savoir grandit petit à petit. Fière d’une première récolte satisfaisante pour une première expérience, on songe au deuxième été. L’intérêt a été frileux, au début, mais devant le jardin bien concret et implanté, on commence à le voir différemment et le souhait est d’aller plus loin.
À l’été 2017, on reprend le râteau pour une deuxième année. Cette fois l’été moins favorable, plus froid, donne des résultats mitigés, les légumes sont plus petits. On retrouve quand même dans le panier laitue, oignons, carottes, pois à écosser, navets, haricots, les fraises toujours aussi bonnes et encore plus.
Des ressources pour faire grandir ce potager
Maintenant qu’il produit, le seul désir est de le faire grandir. Le programme Québec en forme, qui prenait fin, souhaitait faire une transition et obtient, en collaboration avec le Centre de santé innu, du Secrétariat des affaires autochtones, la possibilité d’embaucher une ressource à temps plein, qui travaille à la mobilisation de la communauté dans différents secteurs d’activités. Yvonne Mesténapéo agira comme coordonnatrice. Elle travaillera aussi avec Nancy pour amener le jardin, ailleurs, dans une diversification et une plus grande production.
Un pas de plus
Le 6 novembre 2017 « 100 degrés » annonce son premier appel de projets qui portera sur le thème « S’approvisionner autrement : fruits et légumes, à l’année pour tous ». Comment ne pas répondre à cet appel même si le temps est court et qu’il presse. Nancy aidée d’Yvonne reprend son rêve et voit déjà les mini tunnels, les couvertures ottantes, le paillage bio dégradable, une analyse du sol, de nouvelles expertises, tout pour améliorer le jardin, obtenir une meilleure production et prolonger la saison.
«100 degrés» est une initiative de Québec en Forme. «100°» rassemble une communauté de gens engagés dans la promotion des saines habitudes de vie chez les jeunes. Il s’agit d’un espace d’échange et de partage, à la fois réel et virtuel, propice au bouillonnement d’idées et à l’essor de vos projets.
La bonne nouvelle est que «100°» accorde 9 905 $ au jardin collectif de Nutashkuan. Alors on peut penser à pouvoir engager une ressource pour développer et amener le jardin dans une nouvelle ère. On cherchera bientôt cette perle rare, que l’horticulture peut intéresser, avoir le goût d’expérimenter, d’aller à la découverte de nouveaux mets venus tout droit de la terre, d’apporter un certain dynamisme, être capable d’accueil et de transmission de son savoir. Une personne sufisamment passionnée pour que la terre devienne une terre nourrice.
Le rêve se poursuit et l’idée de l’implantation d’une serre commence à germer. Projet un peu ambitieux parce que nécessite davantage de connaissances et de compétences. À la lumières des réalisations des derniers étés, on peut y croire.
Les bienfaits d’un potager collectif
Bien sûr, on pense rapidement à la fraîcheur des fruits et des légumes et leur qualité mais un jardin apporte bien plus. Les mains dans la terre peut être source de détente, de fraicheur dans l’âme, un retour à la terre apporte un bien être dans le corps et l’esprit. Il nourrit, il est bon à manger et lorsque l’on le savoure, on en redemande. La santé ne s’en porte que mieux d’où l’importance de lui faire attention, de le bien protéger, le respecter, le dorloter puisqu’il nous le rend bien et nous nourrit.
Source : Nancy Boucher