Le tourisme en Côte-Nord au temps de Google

Des pourvoiries de l’est de la Minganie seront plus visibles sur Google grâce à un projet de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec (AITQ) et à Tourisme Côte-Nord.

Les pourvoiries Hipou (Nutashkuan), Nabisipi UenapeuHipu (Aguanish) et La Corneille (Baie-Johan-Beetz) ainsi que le site patrimonial des Galets de Natashquan faisaient partie des 38 endroits sélectionnés par l’AITQ et Tourisme Côte-Nord pour le premier volet de ce projet. Au total, ce sont 500 sites touristiques dans 19 régions qui ont été visés.

Première étape? Mettre à jour les fiches Google – Mon entreprise de ces lieux pour augmenter leur visibilité sur le moteur de recherche, ce qui fait qu’ils seront plus accessibles aux touristes en quête de destination ou d’information. À l’heure des réseaux sociaux, la bonification de la présence numérique passe notamment par l’ajout de banques d’images – et c’est là que le photographe professionnel Sébastien St-Jean est entré en scène.

En compagnie du directeur de l’accueil et de l’information touristique de Tourisme Côte-Nord, Dave Prévéreault, Sébastien a sillonné la région pendant un mois – pile! – pour en photographier des sites bien précis. De Kegaska à Tadoussac, en passant par les monts Groulx et l’île d’Anticosti, les deux compatriotes ont visité une multitude de lieux reliés au tourisme.

Lieux d’hébergement, restaurants, activités de plein air, attractions touristiques : tout y est passé. Armé de sa Nikon D850, Sébastien était chargé de « mettre en valeur les entreprises et attraits à visiter » par la prise de vidéos et de photos, dont des photos 360°. Ces clichés panoramiques serviront à créer des visites virtuelles offertes via la fiche Google.

« Les gens qui magasinent sur Internet leur voyage, ça leur donne une impression de ce dont ça va avoir l’air quand ils vont y être. C’est une grosse plus-value », estime le photographe. « Je pense que les gens apprécient de pouvoir voir une chambre d’hôtel avant de la louer ou de voir le site qu’ils veulent aller visiter. »

Le Baie-Comois d’origine semblait tout désigné pour la phase 1 du projet : natif de la région, une vingtaine d’années d’expérience – dont 15 en tant que photojournaliste – et pilote de drone. Bien que ce critère n’ait pas été exigé par l’AITQ, Sébastien savait que lui ouvrirait les portes de l’immensité du territoire.

« C’est ni plus ni moins une caméra volante. C’est comme envoyer ton appareil photo ou ta caméra vidéo dans les airs, tu contrôles son positionnement et tu prends le moment qui t’intéresse pour vrai. »

Sébastien St-Jean, photographe

Facile à manipuler, un drone, dans une région connue pour ses bourrasques? « Il y a deux journées où je n’ai pas pu [le] lever parce qu’il ventait trop et il y a eu plusieurs journées où je recevais des signaux de détresse du drone qui m’indiquaient qu’il y avait beaucoup de vent », s’esclaffe Sébastien. La qualité des clichés n’en est heureusement pas affectée. « C’est tellement performant, aujourd’hui, un bon drone est capable d’accepter pas mal de vent et l’image reste stable », assure-t-il.

Sans les contraintes d’un appareil tenu à bout de bras, Sébastien a pu enregistrer des scènes auxquelles il n’aurait pas pu assister s’il ne photographiait que de la terre ferme. Sur l’île d’Anticosti, une baleine s’est alanguie dans les flots tout près et a soufflé sous les lentilles du drone. « L’eau était émeraude, elle plongeait et je pouvais la voir aller jusqu’au fond sur ma télécommande », raconte-t-il.

Les photos qu’il en a rapportées, « certainement plusieurs milliers de clichés », alimenteront les fiches Google des 38 sites désignés ainsi que les banques d’images de l’AITQ et de Tourisme Côte-Nord. Des tournées semblables à celle de Dave Prévéreault et Sébastien ont eu lieu un peu partout dans la province, sous la formule d’un représentant d’une association régionale ou sectorielle et d’un-e photographe réunis, pour 18 autres régions.

La phase 2 du projet vise à ce qu’au début de l’année 2021, assez d’informations et de formations sur les outils Google soient disponibles à au moins 500 autres entreprises pour qu’elles puissent maintenir leurs fiches à jour.

Près de 7000 kilomètres sur l’odomètre plus tard, que reste-t-il à Sébastien St-Jean de cette excursion? « Moi qui connais la Côte-Nord, je l’ai visitée comme quelqu’un qui ne l’avait jamais vue tellement c’était surprenant et grandiose. Je me considère vraiment chanceux d’avoir pu faire le tour de ma région de cette façon. »

Laurence Dami-Houle | Initiative de journalisme local

Bachelière du programme de journalisme de l'Université du Québec à Montréal. Amoureuse des mots, bibliophile et cinéphile. Intéressée par les enjeux culturels, l'environnement et la politique.

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