Une navette fluviale quotidienne entre la Minganie et la Gaspésie, en s’arrêtant par Anticosti : voici ce que souhaite développer le Port de Havre-Saint-Pierre, qui a annoncé avoir déposé au ministère des Transports et de la Mobilité durable pour fin d’études et analyses le projet en question, dans une conférence de presse mardi matin.
Olivier Savard, journaliste, Initiative de journalisme local
Le projet de navette fluviale, qui était « demandé par les gens depuis plus de trente ans », selon la directrice générale du Port de Havre-Saint-Pierre Odessa Thériault, a ainsi été déposé au MTQ la semaine dernière, dans l’espoir d’obtenir une aide financière gouvernementale. Les préfets des MRC de Minganie et La-Côte-de-Gaspé, les maires de Havre-Saint-Pierre, Anticosti et de Gaspé, ainsi que la directrice générale du Port de Havre-Saint-Pierre étaient présents à la conférence de presse.
Une desserte quotidienne
Le projet de navette fluviale prévoit une desserte quotidienne entre Havre-Saint-Pierre, Anticosti et Rivière-au-Renard, à l’aide d’un navire de type roulier (Ro-Ro), qui aura une capacité de 350 passagers, entre 55 et 65 voitures et entre 10 et 15 camions. La période d’opérations minimale prévue au projet, quant à elle, est de 160 jours par année, soit entre juin et novembre, afin d’offrir le service lors de la saison touristique ainsi que durant la saison de chasse. « Ce calendrier-là pourrait être prolongé en fonction des conditions de navigation des périodes visées, au moment opportun », ajoute la directrice générale Odessa Thériault.
Pas d’objectif de rentabilité
Selon Mme Thériault, la rentabilité n’est pas considérée comme un objectif à atteindre. « On parle de peut-être cinq à sept millions [de dollars] de déficit annuel au cours des années, dépendant du choix que le gouvernement va prendre. Nous, on présente un projet de navette, et on laisse au gouvernement le choix de la façon dont elle sera opérée, parce que le besoin, c’est d’avoir une navette, peu importe la façon dont le modèle d’affaires sera choisi. »
« Les services de traversiers sont tous déficitaires au Québec : c’est pour ça qu’on a une société d’État qui prend ça en charge. Il y a aussi beaucoup de choses qui ne sont pas chiffrables, comme la sécurité de la population ou l’accès aux soins de santé : ce sont des choses sur lesquelles on ne peut pas mettre de retombées dessus. Dans nos discussions, on abordait le point que lorsqu’on construit une route, on ne la regarde pas d’une perspective économique. On construit une route parce qu’elle est nécessaire, parce qu’elle dessert des populations et c’est ce qu’on demande : on veut créer une nouvelle route maritime pour desservir une population, et qui va être aussi utile pour toute la clientèle touristique qui va pouvoir redécouvrir et découvrir tous les territoires de la Minganie, de la Gaspésie et de toute la Côte-Nord d’une nouvelle façon », explique-t-elle.
Le but est donc situé ailleurs. « Le but premier de la navette est de favoriser le désenclavement de l’île d’Anticosti. La plus grande île du Québec est la seule à ce jour à ne pas être desservie par un service régulier et quotidien vers le continent », ajoute Mme Thériault. « En plus de contribuer au développement économique de nos régions et de désenclaver l’île d’Anticosti, une nouvelle navette fluviale permettrait de relier pas moins de cinq parcs nationaux entre eux. […] Si on persiste, c’est parce qu’on y croit. On croit qu’il y a un fort potentiel », exprime quant à lui le maire de Gaspé Daniel Côté.
Des retombées pourraient également se voir en Minganie. « Si le nombre de touristes afflue en plus grande quantité en Minganie, ça veut dire qu’il va y avoir des retombées pour l’ensemble des municipalités. […] Avec tous les parcs [nationaux] qui vont être reliés via ce déplacement-là, ça va rencontrer les besoins des municipalités de toute la région », croit le préfet de la MRC de Minganie Luc Noël.