La tempête du 23 décembre dernier a frappé la grande majorité de la province, et la Minganie n’a pas été exception, mais elle s’en est mieux tirée que plusieurs autres régions.
Olivier Savard, journaliste, Initiative de journalisme local
La tempête a fait beaucoup de dégâts à l’échelle de la province, et plusieurs centaines de milliers de clients d’Hydro-Québec se sont retrouvés sans électricité pour Noël, certains pendant plusieurs jours. Cependant, le secteur de l’est de la Minganie s’est en relativement bien tiré. « Évidemment, il y a eu des dégâts dans le secteur comme un peu partout ailleurs sur la Côte-Nord, mais ça n’a pas été si pire que ça », relate la conseillère en communications à la direction générale de la Côte-Nord du ministère des Transports du Québec (MTQ) Caroline Rondeau. « Il n’y a pas eu de graves conséquences, comme de l’érosion au niveau de la route, par exemple, mais il y a eu des chutes d’arbres sur la chaussée, ainsi qu’un très fort vent et de la poudrerie », continue-t-elle.
La route 138 a cependant été fermée dans le secteur, bien que pour une période relativement courte. « […] De Rivière-au-Tonnerre jusqu’à Kegaska, la route a fermé à la circulation autour de minuit le 24 décembre. Certains tronçons ont rouvert progressivement à compter du matin du 24 décembre et autour de midi, tous les tronçons étaient rouverts », explique la conseillère aux communications.
Du côté d’Hydro-Québec, des constats similaires se sont fait. « Il y a eu des pannes sur la Côte-Nord, y compris en Minganie, tôt le 24 », cite la conseillère aux relations avec le milieu chez Hydro-Québec Cathy Hamel. Des chutes d’arbres sont notamment à blâmer.
Du côté de la MRC, rien de notable n’a été signalé, selon le préfet Luc Noël. « C’était assez tranquille, il y a eu quelques coupures de courant pendant quelques heures mais rien de spécial : nous sommes quand même habitués à ce genre de conditions météo », témoigne-t-il.
Quelques dommages à Natashquan et à Aguanish
Quelques dégâts ont été constatés dans les secteurs de Natashquan et d’Aguanish. « La passerelle qui mène aux Galets a été endommagée », déplore le directeur général de la municipalité de Natashquan Denis Landry. « Elle était déjà due pour être réparée, mais elle a subi quelques dégâts. Il y a un escalier qui est endommagé derrière le centre d’interprétation Le Bord du Cap, et un autre qui a été emporté. »
Après visite, le Portageur peut confirmer les dégâts : un des escaliers a été déplacé sur une distance de trente mètres. Plusieurs blocs de glace provenant de la rive ont également été transportés jusque sur la passerelle; une partie s’est légèrement affaissée du côté de la plage, en direction sud-ouest, et quelques secteurs ont été poussés de quelques dizaines de centimètres latéralement, les désalignant avec le reste de la promenade.
D’importants dégâts ont également été constatés sur l’ancien bateau de pêche qui surplombe la passerelle : le toit s’est entièrement effondré du côté sud, et le mât se retrouve à un angle important.
De l’autre côté du pont, des dommages ont été vus dans le secteur de l’auberge Le Port d’Attache, où un brise-lame, qui protège le terrain de Camil Landry et Paulette Gallant, a été en grande partie détruit par la force des vagues. « J’ai été plus chanceux, vu que les vagues ne sont pas aussi fortes de mon côté, mais l’eau a quand même monté jusque sur le terrain », constate le propriétaire de l’auberge Le Port d’Attache Magella Landry, voisin de Camil Landry et Paulette Gallant.
Une érosion de la berge a pu être observée à certains emplacements, une situation qui se répète également à Aguanish. « La tempête n’a pas touché les infrastructures municipales, et rien de majeur n’a été constaté », rapporte la directrice générale de la municipalité d’Aguanish, Marlène Blais. « Cependant, l’érosion s’est beaucoup accentuée du côté ouest du village, dans le secteur du site du festival et dans tout ce qui est dunaire. Nous avons d’ailleurs eu une rencontre avec le ministère avant les Fêtes à ce sujet. »
Il n’a pas été possible de connaître l’étendue (ou l’absence) de dégâts à Baie-Johan-Beetz, la municipalité n’ayant pas répondu ou retourné les appels du Portageur avant d’aller sous presse.
Des dégâts au port
Le port de Natashquan a également subi des dommages, selon le gardien du quai Denis Déraps. « Il y a un panneau de la grande porte de garage qui a arraché. Les vagues ont passé par-dessus le quai et à force de frapper contre la porte, ça a fini par céder », raconte M. Déraps. « On a réparé ça après, il y a fallu qu’on installe une porte neuve, ça a été une bonne job. Il y a aussi un câble électrique sur le long du quai qui a bougé, les fixations ont lâché mais il fonctionne encore à ce que je sache. Il y a eu de l’érosion sur un petit chemin en gravier qui passe derrière le garage : je dirais qu’il doit y avoir un à deux pieds d’épais de gravier qui a été emporté, et ça va nécessiter des voyages de gravier. Finalement, il y a des panneaux de métal sur le long du quai pour le protéger : ça doit faire quelque chose comme six pieds de haut pour trois ou quatre pieds de large, ce sont des feuilles de deux pouces d’épaisseur, et j’en ai vu une qui a été décrochée par la force des vagues », dit-t-il.
Les dommages auraient pu se révéler plus graves, selon lui. « C’est aussi arrivé le 31 décembre 2016, et la grande porte de garage avait été complètement défoncée : il y a un conteneur qui avait bougé d’une quinzaine de mètres et qui avait fini par frapper dans la porte. Le garage était rempli de glace. Ce qu’on a eu-là était donc moins grave, mais avec les changements climatiques, ça va s’empirer. La situation ne s’améliorera pas dans le futur, c’est certain », conclut Denis Déraps.