Virus respiratoires | Une augmentation des cas d’infection en Côte-Nord

La Côte-Nord est atteinte d’une nette augmentation des cas d’infection liés au trio de virus respiratoires : le COVID-19, l’influenza et le virus respiratoire syncytial (VRS).

Olivier Savard, journaliste, Initiative de journalisme local

La proportion des tests positifs a monté pour chaque virus depuis la mi-novembre, d’après les informations du directeur de la santé publique au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord Dr Richard Fachehoun, en conférence de presse vendredi dernier.

« La situation est particulièrement fragile puisque ça exerce une pression dans nos urgences et dans certains milieux de vie et de soins », élabore Dr Fachehoun.

Selon un graphique montré durant la conférence de presse, les proportions des tests positifs pour chaque virus ont monté entre la semaine du 19 novembre et la semaine du 3 décembre.

Ainsi, alors que 10.34% des tests pour l’influenza se révélaient positifs lors de la semaine du 19 novembre, 30.67% des tests l’étaient lors de la semaine du 26 novembre, et 29.91% l’étaient lors de la semaine du 3 décembre, soit un bond d’environ 20%. Pour le VRS, le bond était d’environ 6%, passant de 3.7% lors de la semaine du 19 novembre, à 9.43% la semaine suivante, et 8.85% lors de celle du 3 décembre. Finalement, une hausse d’environ 5% s’est produite avec le COVID-19, atteignant 8.6% lors de la semaine du 19 novembre pour grimper à 13.4% la semaine suivante, et terminer à 11.7% lors de la semaine du 3 décembre.

Le support de la population est essentiel, selon le Dr Fachehoun : « Nous avons besoin de leur aide pour limiter la transmission des virus, et nous recommandons fortement à la population de respecter certaines actions. »

Un des moyens, selon lui, est « de se mettre à jour avec sa vaccination contre la grippe et le COVID », ce qui permet de limiter les hospitalisations. « Six personnes sur dix âgées de 75 ans et plus ont reçu une dose [du vaccin contre l’influenza]. Si on regarde les gens atteints de maladies chroniques âgés de six mois à 74 ans, environ le tiers a reçu une dose. On a encore donc pas mal de gens à risque d’hospitalisation qui ne sont pas encore vaccinés contre l’influenza », explique-t-il.

La situation est similaire pour ce qui est de la vaccination contre le COVID-19. « Une personne sur deux âgée de 60 ans et plus a reçu une dose dans les cinq derniers mois. Pour ce qui est des personnes atteintes de maladies chroniques âgées de 18 ans et plus, 42% ont reçu une dose dans les cinq derniers mois. On demande donc à la population de mettre à jour leurs carnets de vaccination, c’est particulièrement important. »

Parmi les autres actions à entreprendre, le Dr Fachehoun a rappelé l’importance de se laver les mains, ou encore de s’isoler en cas de symptômes.

« Un deuxième groupe d’actions qui est très important, ce sont les mesures que vous connaissez déjà et qui sont utilisées depuis les deux dernières années pour permettre de limiter la transmission. Se laver les mains avec de l’eau et du savon ou encore du désinfectant à base d’alcool, porter le masque dans les lieux publics achalandés : dans un commerce, une épicerie, au cinéma, etc., et désinfecter fréquemment les surfaces que l’on touche souvent. »

« Le troisième groupe d’actions qu’on vous demande de respecter, c’est d’éviter de rendre visite à des personnes vulnérables lorsqu’on présente des symptômes, comme aller voir quelqu’un dans une résidence pour personnes âgées, un hôpital ou encore un CHSLD, mais surtout, d’éviter d’aller rendre visite à une famille dans laquelle il y a un bébé de moins de six mois. »

Selon le docteur Fachehoun, les symptômes peuvent généralement durer entre sept et dix jours.

Il exhorte également les parents de jeunes enfants (âgés de moins de deux ans) de mettre à jour leurs carnets de vaccination, expliquant que des risques d’hospitalisation sont plus élevés avec le virus de l’influenza et celui du VRS, ainsi que de réduire les contacts, par exemple.

Début d’un service de dépistage

Le déploiement de l’offre d’un service de dépistage, destiné aux gens à risque de complication pour l’influenza, a également commencé à prendre place. « Dans les groupes de personnes concernées, nous avons les enfants de moins de deux ans, les personnes âgées de 75 ans et plus, les gens qui souffrent de maladies chroniques, notamment les maladies du cœur, du poumon, des reins ou du foie, un cancer ou une faiblesse du système immunitaire. Il y a également les femmes enceintes au 2e ou au 3e trimestre de grossesse », énumère M. Fachehoun. « Si les gens qui appartiennent aux groupes en question sont atteints de symptômes comme la fièvre, la toux, le mal de gorge ou un essoufflement, on leur demande de prendre très rapidement un rendez-vous sur ClicSanté pour un dépistage de virus respiratoires. Si jamais le test pour l’influenza sort positif, ils seront avisés par nos équipes et un pharmacien va les contacter pour planifier le traitement contre la grippe. Le but de ce traitement est de réduire la durée des symptômes et de réduire le risque de complications », continue-t-il.

L’implantation devrait prendre place au cours des prochaines semaines un peu partout sur la Côte-Nord. « C’est présentement disponible dans les installations de Port-Cartier, de Sept-Îles, de Caniapiscau, de Havre-Saint-Pierre et de Blanc-Sablon. On travaille présentement pour que ce soit déployé dans les autres installations et ça va être disponible très rapidement », termine-t-il.

Une surcharge des urgences

Le directeur des services professionnels du CISSS Dr Jean-François Labelle a quant à lui déploré le taux d’occupation très élevé dans les urgences. « Nous sommes présentement aux prises avec un taux de débordement important de patients dans nos centres hospitaliers régionaux. Nous avions déjà signalé dans les dernières semaines que plusieurs lits étaient occupés en raison de notre clientèle qui attend une relocalisation. […] Malgré cela, nous sommes désormais confrontés à l’ajout des problèmes respiratoires liés aux trois virus. […] Ça engendre des besoins d’isolement encore plus grands pour la population et ça ajoute un degré de difficulté pour gérer toute cette population-là. Ça engendre aussi malheureusement un refoulement dans nos salles d’urgence, et dans les dernières semaines, autant à Sept-Îles qu’à Baie-Comeau, on dépasse régulièrement le taux d’occupation de 200% de nos civières en raison des surplus de patients qui sont en attente de relocalisation mais aussi des cas respiratoires qui se font de plus en plus nombreux. »

Il ajoute également avoir constaté dans les dernières semaines « un surachalandage des consultations aux urgences parce que les gens ont des inquiétudes au niveau respiratoire », et que parfois, les cas « auraient pu être réglés autrement qu’en se présentant à l’urgence. »

Une hausse possible pour janvier

Bien que le Dr Labelle indique « ne pas avoir de prévisions à l’interne » pour le taux d’occupation dans les prochaines semaines et que les besoins sont présentement « évalués à très court terme », le Dr Fachehoun révèle que les hospitalisations « risquent d’augmenter au début du mois de janvier. »

« La raison est simple : lors de la période des Fêtes, nous avons des rencontres de famille et des rencontres intergénérationnelles. S’il n’y a pas de mesures supplémentaires et si les actions mentionnées plus tôt ne sont pas mises de l’avant, en janvier, on risque d’avoir des enjeux assez importants. Si les actions possibles sont déployées, ça va permettre de limiter la transmission, et on va pouvoir plus facilement passer au travers. C’est donc important de poser les gestes maintenant afin de pouvoir passer une belle période des Fêtes et qu’au retour, il n’y ait pas trop d’enjeux ou de pressions sur le système hospitalier », termine-t-il.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *