Le Saint-Laurent connaît un hiver anormal avec un minimum historique de glace

L’hiver 2024 restera gravé dans les annales du Saint-Laurent comme une année record en termes d’absence de glace.

Glace sur la plage de Natashquan (Photo par Julien Greschner)

Dans une entrevue au journal Le Nord Côtier la semaine dernière, Peter Galbraith, chercheur en océanographie physique à l’Institut Maurice-Lamontagne de Mont-Joli, a présenté les statistiques de l’hiver dernier sur l’englacement du Saint-Laurent. Il constate avec étonnement que depuis la mi-février, presque chaque journée a enregistré les quantités de glace les plus faibles jamais observées pour les mois d’hiver. Selon lui, cet hiver représente un phénomène particulièrement inhabituel et anormal.

Avant 1958, aucune année n’avait connu des températures assez chaudes pour provoquer une absence de glace sur le Saint-Laurent. Depuis lors, cela s’est produit à six reprises : 1958, 1969, 2010, 2011, 2021 et maintenant 2024 qui a établi un record minimum absolu en termes de quantité de glace. Malgré une moyenne de 62 km3 de glace recouvrant le fleuve et le golfe du Saint-Laurent entre 1991 et 2020, cette année a vu seulement 6 km3 de glace, soit moins de 10 % de la superficie habituellement glacée.

Bien que ces données puissent paraître surprenantes, elles ne le sont pas lorsque l’on observe les tendances du réchauffement du Saint-Laurent qui montre que les hivers se réchauffent deux fois plus rapidement que les étés. Les températures exceptionnellement élevées enregistrées par les 13 stations météorologiques d’Environnement Canada autour du golfe du Saint-Laurent expliquent donc en grande partie la disparition du couvert de glace. Les températures ont dépassé de 2,9 degrés la moyenne climatologique en décembre, janvier et février derniers. Cependant, malgré cette tendance au réchauffement, il y aura encore des hivers glaciaux, mais de telles absences de couverture de glace se produiront de plus en plus fréquemment à l’avenir, modifiant ainsi le paysage hivernal du golfe Saint-Laurent. Les conséquences de ces changements sont multiples. L’érosion côtière est notamment accélérée et la disparition du couvert de glace réduit l’habitat du crabe des neiges, ce qui pourrait avoir des répercussions sur cette espèce emblématique de la région.

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