175e Aguanish et Île-Michon — Portrait d’entreprise d’ici : Dépanneur Aguanus

Le Dépanneur Aguanus aujourd’hui (Photo par Victor Déraps)

M. Victor Déraps est le propriétaire du Dépanneur Aguanus depuis 1987. Il nous parle de l’histoire de ce commerce familiale qui dure maintenant depuis quatre générations.

JG : Bonjour Victor, je me suis dit que l’on pourrait faire un article traitant de l’histoire familiale de ton commerce qui occupe une place importante dans l’histoire d’Aguanish. Le début du commerce remonte aux années 1930, c’est bien ça?

VD : Oui, je peux te parler un peu de l’histoire de l’entreprise. Au cours des années 1930s et 1940s, mon arrière-grand-père, M. Joseph Déraps, a investi son temps dans la création d’un commerce qui deviendra une entreprise familiale. Il a commencé avec un commerce en alimentation. À l’époque, il achetait la morue des pêcheurs locaux, il la préparait, puis il la revendait à l’extérieur. Il envoyait aussi des boîtes de capelan dans le nord, et quelques autres denrées alimentaires. C’était un peu du troc dans ce temps-là. Il envoyait des produits, puis il récupérait des stocks qu’il revendait localement. C’était des gros barils dans ce temps-là. Par exemple, des barils de farine ou des gros barils de sucre. C’était tout en gros. Eux autres, ils paquetaient ça individuellement, puis ils vendaient ça au détail pesé, tout était pesé. Il me semble que je vois encore la balance. Il y avait une balance et un rouleau de cordes, puis il avait son rouleau de papier, tout était enveloppé. C’était capoté de les voir! Ils pliaient tout ça. Tout était emballé dans le papier, comparé à aujourd’hui, il n’y avait pas de plastique.

Le premier bâtiment était situé du côté ouest du village. Plus tard, un de ses garçons prit la relève. C’est ainsi que dans les années 1950s et 1960s le commerce prend le nom de « Albert Déraps, Marchand général ». Il s’est bâti un nouveau commerce, toujours du côté ouest du village.

L’histoire se poursuivit et les générations futures ont continué à s’impliquer. Lorsque mon père et mon oncle ont commencé à s’impliquer, le commerce a changé de noms pour « Albert Déraps et fils ». Les propriétaires étaient Albert Déraps et ses deux fils Arthur et Pierre-Donat. Ils ont ouvert un nouveau commerce, mais il y avait toujours l’original qui opérait du côté ouest. Ça permettait aux gens qui étaient du côté ouest de ne pas traverser en canot et de s’approvisionner de leur côté de la rivière.

 Quelques années plus tard, mon père, M. Arthur Déraps, est devenu l’unique propriétaire du commerce situé au centre du village et a fermé celui du côté ouest. Il était aussi un marchand général. Il vendait toute sorte d’affaires. Il vendait des clous à la livre, des affaires pour travailler les canots, comme de la peinture. Il a commencé avec pas grand-chose et il a greffé un paquet de choses en route. En 1987, la quatrième génération prend la relève de l’entreprise familiale. L’épicerie devient « Le Dépanneur Aguanus ». En fait, j’ai donné le nom de la rivière à mon commerce, Aguanus signifie « Petit Abris ». Donc c’est moi, Victor Déraps, qui succède à mon père et devient l’unique propriétaire. Bon an mal an, le commerce s’est agrandi pour devenir l’édifice actuel.

L’ancien bâtiment du Dépanneur Aguanus dans les années 80 (Photo de Victor Déraps)

JG : Comment s’est passée la transition lorsque tu as repris le commerce?

VD : J’ai opéré dans le commerce de mon père quelques années, mais je voyais beaucoup plus grand. Pour moi, c’était trop petit. Je voulais demander le permis de boisson, je voulais avoir plus de choix au niveau alimentaire, plus de marchandise. Le commerce n’étant pas assez grand, il était important de remédier à la situation. Donc, j’ai construit le commerce actuel avec mes frères et amis. Il fut construit en arrière de l’ancien, ainsi nous pouvions continuer d’opérer. Quand j’ai été prêt, j’ai transféré toute la marchandise dans le nouveau. Après ça, on a construit une station d’essence, c’est le même commerce que j’opère depuis ces années-là jusqu’à aujourd’hui. À travers les années, l’épicerie du village est aussi devenue un lieu de rencontre pour les gens de la région. En plus d’offrir les services en alimentation, on y retrouve une station d’essence, un comptoir de la SAQ, un comptoir pour les permis de chasse et de pêche ainsi qu’un lieu où les gens du village peuvent récupérer leurs médicaments, évitant ainsi de faire 2 h 30 de route aller-retour pour aller à la pharmacie au Havre. Je fournis également l’Oasis du Bel Âge en denrées alimentaires. C’est quand même important pour une petite municipalité comme la nôtre. Voilà, c’est ainsi que la famille de Joseph Déraps et ces descendants de quatre générations (Joseph, Albert, Arthur et Victor) ont participé à la vie du village tout en créant des emplois au fil du temps. Présentement, le commerce engage 6 employés à temps plein et un à temps partiel.

JG : Quels étaient tes objectifs lorsque tu as repris le commerce de ton père?

VD : Quand j’ai acheté cette entreprise-là, mon but, c’était de faire travailler du monde. J’ai tout le temps été de même, puis je n’ai jamais arrêté de travailler. Je pourrais travailler dans mon commerce, mais bon ça va me donner quoi? Je ne ferais pas plus de sous et je vais enlever un emploi à quelqu’un. Un de mes buts, c’est la création d’emploi. J’ai six employés permanents et un temps partiel. Dans des petits coins comme ici c’est plutôt positif d’avoir la possibilité de travailler. En ce moment, je travaille à transport Québec. Je suis rentré comme chef d’équipe en route et structure, puis depuis quelques années, on m’a offert le poste de chef des opérations. Je vais peut-être travailler quelques années encore, mais tout ça dans le but de rester à Aguanish parce que, même si je vais à l’extérieur, ma place que j’aime c’est ici.

JG : Comment entrevois-tu le futur du commerce? Y aura-t-il une cinquième génération?

VD : Aujourd’hui, c’est sûr que j’ai une certaine inquiétude. À l’aube de ma retraite, j’espère vraiment que des gens d’ici ou d’ailleurs vont avoir un intérêt à poursuivre.

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