175e Aguanish et Île-Michon – Histoire des migrations acadiennes partie 2 : Des Îles-de-la-Madeleine à la Côte-Nord

Les villages d’Aguanish et de l’Île-Michon sont des témoignages vivants de la résilience et de la détermination des Acadiens. Bien que les familles Rochette et Blais aient été les premiers occupants, c’est avec l’arrivée massive des Madelinots que le village a pris sa forme actuelle. Cette histoire de peuplement est marquée par des migrations forcées, des exils et une quête incessante de liberté et de prospérité. Deuxième partie de l’histoire des migrations acadiennes.

Premières présences européennes sur les Îles-de-la-Madeleine

Vers 1500, les Bretons, les Basques et les Normands sont parmi les premiers Européens à fréquenter les Îles-de-la-Madeleine. Ces explorateurs et pêcheurs hardis marquent le début de l’intérêt européen pour cet archipel. Jacques Cartier, lors de ses voyages en Amérique du Nord en 1534 et 1535, visite les îles et les mentionne dans ses récits de voyage. Ses explorations ouvrent la voie à un contact continu avec cette région à travers ses écrits qui font connaître les Îles. Plusieurs décennies plus tard, des Français, associés à des Micmacs, commencent à chasser le loup-marin sur les îles, puis éventuellement, ils s’intéressent également à la chasse au morse pour son huile précieuse. En 1593, inspirés par les récits de Cartier, les Anglais commencent à convoiter les îles. Cette rivalité anglo-française pour l’exploitation des ressources naturelles des îles se poursuit pendant plus de deux siècles, bien qu’aucune tentative de colonisation permanente ne soit faite durant cette période.

Le peuplement des Îles

Ce n’est qu’en 1734 que des Canadiens du Bas-Canada se tournent vers les îles pour exploiter l’huile de morse et décident finalement de s’y installer de manière permanente. Après la conquête du Canada par l’Angleterre en 1760, les Îles-de-la-Madeleine sont annexées à Terre-Neuve. En reconnaissance de ses services, l’officier Richard Gridley reçoit la concession des îles. Arrivé en 1762, l’ancien officier fonde une station de pêche sédentaire à Havre-Aubert pour chasser le morse, le loup-marin et le homard. Il n’est pas clair s’il fut le premier à amener des familles acadiennes ou si celles-ci sont arrivées par d’autres moyens après la déportation de 1755. Toutefois, en août 1763, on compte déjà 17 Acadiens et 5 Canadiens sur les îles. De nouvelles familles les rejoindront dans les décennies suivantes. En 1774, les Îles passent sous la juridiction du Québec grâce à l’Acte de Québec. En 1787, Richard Gridley abandonne sa concession, entraînant une période de flottement, durant laquelle plusieurs nouvelles familles arrivent des Îles Saint-Pierre-et-Miquelon, notamment en 1793, après qu’un conflit ait éclaté là-bas. La population des Îles-de-la-Madeleine double, et les nouveaux Madelinots s’installent principalement autour de Havre-Aubert. Ainsi, les Îles-de-la-Madeleine deviennent peu à peu un lieu de vie permanent pour de nombreuses familles, marquant la fin de plusieurs siècles de disputes et de convoitises pour ce territoire riche en ressources naturelles.

Répression et migration vers la Côte-Nord

Les Acadiens vécurent heureux aux îles pendant de nombreuses années jusqu’à ce que la reine signe une ordonnance en 1798 au marin loyaliste Isaac Coffin pour le nommer seigneur des Îles-de-la-Madeleine. Arrivé aux Îles, il constate que les habitants n’ont pas de titres de possession sur leurs propriétés. Il décide donc de solliciter la concession de tout l’archipel et réussit à l’obtenir. Les Acadiens se voient refuser le droit à la propriété foncière et Coffin exige d’eux des redevances pour les terres qu’ils occupent. Les Madelinots envoient des requêtes et des pétitions répétées appuyées par le clergé pour faire valoir leur droit, mais rien ne fonctionne. Parallèlement, la population des Îles augmente de façon constante sous Coffin pour atteindre 1738 habitants en 1844. Les Madelinots continuèrent leurs revendications durant de nombreuses années. Coffin mourra en 1839 sans jamais avoir réussi à réellement dominer les îles et appliquer ses lois aux habitants. Son neveu John Towsend Coffin hérite de sa concession et continue le système qui avait été mis en place par son prédécesseur. Certains Acadiens se tournent vers les tribunaux pour faire valoir leur droit sur leur propriété et mettre fin au système de rentes illégitimes, mais ils n’obtiennent pas gain de cause. Découragées, plusieurs familles décident qu’ils en ont assez et ne voient plus qu’une seule solution : l’exode. De 200 à 250 familles quittent les îles entre 1854 et 1865 en quête d’un avenir meilleur sur la Côte-Nord.

La grande vague de migration vers la Côte-Nord amènera des familles acadiennes à s’établir à Kégaska, Natashquan, Havre-Saint-Pierre, et dans la grande seigneurie de Mingan. En 1854, les premières familles arrivèrent à Kégaska, incluant des Gallant, Bourque, Harvey, Landry, et Bourgeois. Un an plus tard, un groupe important, composé notamment des familles Vigneault, Cormier, Landry, et Lapierre, s’installa à l’embouchure de la petite rivière Natashquan. À Aguanish, les premiers Madelinots arriveront un peu plus tard vers 1879-1880.

Ce résumé a été rédigé à partir des informations contenues dans le livre « La vie du Père Victor Lachance à Aguanish : Une période de foi » de Cécile Déraps paru en 2011.

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