Tenir la barre de L’Échouerie, contre vents et marées

« S’adapter » : voilà le thème pour la saison estivale de L’Échouerie. Entre la COVID-19 et l’afflux monstre de touristes à Natashquan, l’équipe qui opère le café-bistro apprivoise les hauts et les bas de la gestion en restauration.

« Pas de glace à Natashquan, il n’y en a plus à Havre-Saint-Pierre, il n’y en a plus sur la Côte-Nord. Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse? On s’adapte! », s’exclame Alix Langlois, responsable des ressources humaines à L’Échouerie. Aucun membre de l’équipe n’avait prévu la pénurie de glace, encore moins la liste exhaustive de mesures sanitaires à appliquer ou le déferlement de vacanciers dans la région. « On a dû refaire l’horaire et ajouter des personnes. On ne pensait pas qu’on allait avoir besoin d’autant [d’employés] sur le plancher », rapporte-t-elle. Les responsables de la cuisine, Olivia Raymond et Christophe Forget, ont dû augmenter leur volume de commandes d’aliments puisque les frigos se vident à un rythme effréné. Même chose du côté du bar, géré par Juliette Ouimet.

L’établissement accueille quotidiennement plus d’une centaine de clients par jour depuis son ouverture le 1er juillet dernier, mais le nombre variait plutôt entre 150 et 200 pendant les vacances de la construction. Alors que l’équipe estimait que le chiffres d’affaires se situerait autour de 1500 $ par jour, la réalité est toute autre : « Parfois, ça monte à 5000-6000 dollars par jour », confirme Alix.

 

Garder le cap

Si le départ en lion de la saison estivale de L’Échouerie a surpris l’équipe, l’ouverture du café-bistro en tant que telle était inespérée. « À cause de la COVID-19, je n’avais plus espoir, confie-t-elle. Au début du mois de juin, on a su que ça rouvrait. On a fait nos commandes et contacté du monde pour savoir qui voulait venir avec nous. »

Finalement, ils sont 10 à débarquer de Montréal pour prendre les commandes de L’Échouerie, et deux autres travailleurs se sont très récemment ajoutées. Trois personnes du coin viennent compléter l’équipe. Le groupe voulait mettre en œuvre le projet imaginé par Juliette et Christophe après un roadtrip sur la Côte-Nord l’été dernier. « À la fin, ils sont arrivés ici à Natashquan et sont tombés en amour avec la place », raconte Alix. Avec l’aide de leur ami Félix Massicotte, les comparses font parvenir un document présentant leur idée à la Corporation de développement patrimonial, culturel et touristique (COPACTE) de Natashquan, qui possède le café-bistro. La COPACTE approuve le projet, initialement basé sur le déploiement d’une offre culturelle multiple.

« On avait plein d’idées de lectures de poésie, d’open-mics, on voulait un stand de bricolage pour les enfants, des expos, des ateliers de yoga, des shows, des projections de films… », énumère Alix. Le contexte de pandémie a chamboulé le programme, mais l’équipe ne s’est pas laissé abattre. Le groupe mise sur l’idée de continuer à faire de L’Échouerie un lieu où les touristes et les résidents peuvent se rassembler et discuter autour de plats et de boissons qui mettent en valeur les produits d’ici.

« Avec les bleuets et les airelles de la place, on fait les sirops pour mettre dans les drinks. Avec le wasabi et le persil de mer, on fait de la gremolata [NDLR : condiment de style pesto] », détaille Alix. La bière de la microbrasserie natashquanaise La Mouche fait fureur au bar, garni d’alcools québécois. Les pousses de sapin baumier et le poivre des dunes trouvent aussi leur place dans les assiettes de l’établissement. Selon Alix, le menu est simple mais varié, pour accommoder tout un chacun. « On essaie de plaire à tout le monde, autant avec des mets plus fancy avec des fruits de mer qu’avec des sandwichs aux tomates », explique-t-elle.

Le café-bistro L’Échouerie demeurera ouvert jusqu’au début du mois de septembre. D’ici là, quelques activités sont prévues au programme pour égayer les soirées d’été. « Notre mission, c’est plus de faire vivre cet endroit-là pour les gens. Oui pour les touristes, mais surtout pour les gens de Natashquan et de Nutashkuan. »

Photo courtoisie de l’équipe de L’Échouerie.
Rangée du haut : Dahlia Desjardins, Marie-Philippe Ménard, Yoan Malek- Deraps, Joséphine Mina, Maude Archambault-Wakil, Victor Vauclair, Jean-Christophe Leblanc, Juliette Ouimet, Felipe Laline- Lopera.
Rangée du bas : Sarah Stewart, Léa-Marie Tremblay, Miriem Haddam, Olivia Duchesne Raymond, Christophe Forget, Alix Langlois et Shaka (le chien).

Laurence Dami-Houle | Initiative de journalisme local

Bachelière du programme de journalisme de l'Université du Québec à Montréal. Amoureuse des mots, bibliophile et cinéphile. Intéressée par les enjeux culturels, l'environnement et la politique.

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