Ottawa lance le processus d’adoption d’un décret d’urgence pour protéger les populations de caribou du Québec

Le gouvernement libéral a décidé de prendre des mesures décisives pour protéger l’habitat du caribou forestier au Québec, après que le gouvernement provincial n’ait pas respecté ses engagements dans le dossier.

Suivant la recommandation de son ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, Ottawa a annoncé le lancement d’un processus de consultation qui mènera à l’adoption d’un décret d’urgence. Cette décision survient après plusieurs ultimatums envoyés à la province de Québec concernant la mise en place d’une stratégie de protection pour toutes les hardes de caribou de la province.

Selon l’analyse du ministère de l’Environnement, trois hardes de caribous du Québec, celles de Val-d’Or, de Charlevoix et du Pipmuacan, font face à une menace imminente de disparition. Les populations d’Assinica et de Témiscamie sont également à l’étude et pourraient s’ajouter à cette liste critique. La consultation, qui durera 60 jours, inclura le gouvernement du Québec, les communautés autochtones, les communautés locales et les industries concernées. La version finale du décret sera adoptée par la suite.

Les experts fédéraux et provinciaux s’accordent à dire que la perturbation de l’habitat du caribou, principalement due aux activités humaines telles que la coupe forestière et l’aménagement de chemins forestiers, est la cause principale du déclin de cette espèce au Québec. Ottawa vise à limiter la perturbation de l’habitat à un maximum de 35 % pour chaque population de caribou forestier. Dans certaines régions du Québec, ce taux dépasse déjà les 90 %. En 2022, le gouvernement Legault s’était engagé à atteindre cette cible, mais l’inaction continue de la province force le fédéral à intervenir.

Benoît Charrette, ministre de l’Environnement du Québec, a vivement critiqué cette initiative fédérale, la qualifiant d’irresponsable et ignorant la réalité économique des régions où la foresterie est primordiale. L’impact d’un décret d’urgence, qui protégerait 35 % des habitats de chaque harde sur les emplois dans l’industrie forestière, reste incertain. Bien que le Québec évoque la possibilité de milliers d’emplois menacés, une commission indépendante sur le caribou forestier et montagnard, tenue en 2022, estimait que le scénario le plus pessimiste pour l’industrie forestière aboutirait à la perte de 841 emplois.

Cette initiative fédérale marque un tournant important dans le dossier de la protection de l’habitat du caribou forestier au Québec, mettant en lumière l’incapacité du gouvernement provincial à agir dans le dossier. Le conflit entre conservation de la biodiversité et développement économique semble empêcher les différents ministères du Québec de s’entendre. Ce sera donc le futur décret d’urgence fédéral qui tranchera à la place du gouvernement provincial.

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