Jacques Landry 1934-2019 Le rêveur et pionnier derrière l’homme

Par Nicole Lessard, inspirée du texte de Bernard Landry : « Marie-Berthe et Jacques Landry : »Le temps nous suit … » Récits de leur vécu » paru dans la Revue d’Histoire de la Côte-Nord et aussi dans le Bulletin des amis des phares

Jacques Landry est décédé le 28 novembre dernier à Havre-Saint-Pierre à l’âge de 85 ans et 7 mois après une vie active bien remplie.

Né à Natashquan le 30 avril 1934, il est le 5è d’une famille de 15 enfants, fils d’Émilien Landry et de Marie-Anna Vigneault. Il fait ses études primaires au village pour ensuite les poursuivre à l’Îslet -sur-Mer avec les Frères des écoles chrétiennes.

Dès son jeune âge Jacques passe beaucoup de temps avec son grand-père Dominique au phare de Natashquan-Pointe, dit Pointe-aux-Anglais. Il y découvre le monde des gardiens de phares, l’isolement et ce qu’apporte la solitude. En ’53, il part pour Toronto pour étudier l’électronique et apprendre l’anglais. Sur son chemin il s’arrête à Ottawa rencontrer un ami qui le convainc de demeurer avec lui pour travailler tout en apprenant le métier de gardien de phare.

Gardien de phare et vie publique

Sa carrière commence comme opérateur de radio pour le ministère des Transports à l’Île d’Anticosti. Par la suite, il agira comme gardien au phare Corossol, dans l’archipel de Sept-Îles puis revient à l’Îles d’Anticosti de 1956 à 1958. En 1959, il obtient le poste de gardien au phare de Pointe-des-Monts. Il y est gardien durant 19 ans jusqu’en 1978 selon le site pharedepointedesmonts.com/les gardiens. Jacques a été le plus jeune gardien de phare au Canada.

C’est en 1960-1961 qu’arrive sa vie publique. Il commence à aller à des rencontres syndicales. Il participe grandement au développement de la route qui mène à Pointe-des-Monts. Au départ, il y avait des chemins de tracteurs par-ci par-là. Tout l’argent investi à ce tracé de route, c’est Jacques Landry qui l’a obtenu. Par la suite, il travaille à l’entretien des lieux afin que ceux-ci soient propres et adéquats, construction de trottoirs, peinture annuelle, améliorations, etc. Il y travaille avec deux assistants. Tout en accomplissant son boulot, Jacques participe activement à la syndicalisation des gardiens de phare. Il en assume même le rôle de président dans les années 1967. Il a beaucoup réalisé pour améliorer la vie des gardiens de phare.

Dès 1971, Jacques s’intéresse à la mise en valeur de l’espace du vieux Phare de Pointe-de-Monts. Il est sur place au moment où trois phares dans l’Est du Québec dont celui de Pointe-des-Monts sont cédés au ministère des Affaires culturelles. Il accueille alors des touristes, et avec sa conjointe Marie-Berthe, bonne cuisinière, il les amène à la salle à manger, reconnue comme l’une des meilleures salles à manger du Québec à l’époque. Il entrevoit le grand potentiel et l’intérêt grandissant pour ce site touristique.

Parallèlement à ce développement touristique du Phare de Pointe-des-Monts, Jacques s’implique socialement et devient membre fondateur et siège au conseil d’administration d’un nouvel organisme, l’Association touristique régionale de Manicouagan.

Le 23 juillet 2004, la Corporation de Pointe-des-Monts inaugure un nouveau bâtiment soit le pavillon « Accueil Jacques Landry », en témoignage de son accueil légendaire et sa contribution à la promotion de ce site touristique. L’ancien gardien est ému de voir ainsi son nom perpétué.

Retour à Natashquan

Puis c’est un retour à Natashquan, vers les années ‘77-’78 pour prendre en charge l’Auberge La Cache, construite en 1972. Pendant plusieurs décennies ce dernier avec son épouse et deux de ses fils opère l’établissement mettant à profit l’expérience d’hôtelier-restaurateur acquise à Pointe-des-Monts.

À Natashquan, été 1978, c’est l’époque de la boîte à chanson créée par Marcel Tanguay, sa soeur Louise et une amie. De nombreux artistes, souvent venus de l’extérieur s’y produisent et sont hébergés gracieusement par la famille Jacques Landry, gestionnaire de l’Auberge La Cache. Cette démonstration fait état de l’attachement pour la culture et la générosité de la famille pour les activités qui animent le village. Cette générosité ne s’est pas démentie puisque quelques années plus tard, en 1993 et suivantes, c’est le Comité de spectacles ¨ Par Natashquan ¨ nouvellement créé à Natashquan qui bénéficie du même privilège et a droit à de rabais fort appréciables sur l’hébergement des artistes.

Petit anecdote : Le Comité de spectacles ¨ Par Natashquan ¨ lors de son 10è anniversaire en 2002, avait rendu hommage et remercié Jacques Landry, non seulement pour ses rabais à l’Auberge La Cache, mais bien davantage parce qu’il était un des rares et même le seul à acheter une paire de billets de saison. Même qu’on en émettait, certaines années, juste pour lui. Dans les dernières années de l’Auberge, il était moins disponible et il donnait ses billets à des gens qui venaient voir les spectacles. Cette année-là, lors de l’hommage du Comité, il avait reçu une paire de billets de saison, en cadeau, en reconnaissance et gratitude de sa complicité pour les arts et la culture.

Jacques a une ouverture au monde et est un pionnier du développement dans différentes sphères d’activités. Preuve est, qu’en 1980, c’est le balbutiement de l’implantation d’une radio communautaire sous l’égide de Jacques Lachance. De nombreuses activités se succèdent pour sensibiliser la population à participer financièrement au projet. Avec l’approbation généreuse de Jacques, l’aubergiste, on installe dans deux chambres, l’équipement nécessaire pour un radiothon expérimental mené par la Corporation de développement communautaire des Cantons d’en Bas. C’était un premier radiothon d’une durée de trois jours. Jean-Jacques Landry, y était présent et par la suite pris en charge l’organisation. En 2020, 40 ans plus tard, il est encore directeur général de cette radio devenue CKNA inc.

Soucieux et attentif au milieu et à son développement, pendant les années 2000, Jacques fera partie du conseil d’administration du Journal communautaire Le Portageur. Il savait à l’occasion parler fort même très fort pour exprimer son point de vue mais le lendemain le ton revenait à la normale. Cet homme n’avait aucune rancune.

En 2002, le 6 avril, l’Association touristique régionale de Duplessis lui rend hommage à son Gala des Grands prix du tourisme régional à Havre-Saint-Pierre. Ce Gala de l’excellence récompense chaque année les entreprises et les intervenants touristiques s’étant le plus illustrés. L’Association lui décerne alors le prix

« Personnalité touristique régionale de l’année 2002 ». Jacques Landry siégeait au conseil d’administration de l’ATR de Duplessis depuis sa fondation en 1979.

Cette année-là, 2002, Jacques fait son entrée en politique municipale. Le 11 octobre, il devient maire par acclamation en remplacement du précédent magistrat Alain Landry ( à Odilon ), Pointe-Parent.

Suite pour un deuxième épisode en cliquant ici : PARTIE 2

La troisième partie suivra la semaine prochaine.

 

2 Replies to “Jacques Landry 1934-2019 Le rêveur et pionnier derrière l’homme

  1. Bonjour,

    J’ai essayé de trouver la troisième partie de votre reportage sur Jacques Landry mais je l’attends toujours. L’avez-vous publiée?

    J’aimerais bien la lire.

    1. Bonjour! La troisième partie n’a malheureusement été publiée que dans le journal papier. Merci beaucoup de votre intérêt!

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *