Chez «Ti-Can» change de propriétaire

Alfreda Landry est la doyenne des employé.es chez magasin Jean Landry. Elle a d’abord pris du service pour le compte de son oncle en 1969, à l’âge de 13 ans. Elle a été propriétaire et administratrice du commerce de 1993 à 2007 avec son frère Rosaire Landry et demeure employée à ce jour.
Texte et photo : Xavier Philippe-Beauchamp

Le 19 juillet dernier, le Magasin Jean Landry, à Pointe-Parent, changeait de main après avoir passé dix ans en la possession de Yves Bourassa. Le nouvel acquéreur, Marc-Antoine Ishpatao, assure que les emplois actuels seront conservés et que, pour le moment, aucun changement n’est prévu quant aux services et aux biens offerts. Le Portageur profite de cette nouvelle pour dresser un portrait du commerce qui est au cœur de la vie de Pointe-Parent depuis plus d’un demi-siècle.

Jean « Ti-Can » Landry tenait auparavant une scierie avec ses frères, mais son amour pour le commerce des fourrures l’a amené à ouvrir les portes de son magasin. D’abord érigé aux abords de la Grande Rivière Natashquan en 1949, le magasin général est reconstruit en 1963 à son emplacement actuel.

Rapidement, il s’entoure de membres de sa famille pour l’épauler dans la tenue du magasin. Ce sont d’ailleurs ces alliés qui reprendront la gouverne du commerce après le décès de son fondateur : d’abord son épouse Bernadette Vigneault-Landry de 1981 à 1993, puis Alfreda Landry et Rosaire Landry de 1993 à 2007. Enfin, pour éviter les ennuis financiers, la famille se départit du magasin en 2007 pour le vendre à Yves Bourrassa.

Le magasin sur son site actuel, dans les années 1960.
Photo : Gracieuseté de Fabienne Landry

Jusque dans les années 1990, le magasin général tenait toutes les marchandises, allant du matériel scolaire aux meubles domestiques, en plus des denrées alimentaires. L’arrivée de la route en 1996 a cependant modifié la vocation de l’édifice : la disponibilité accrue de nombreuses marchandises a entraîné la réorientation du commerce vers le marché d’alimentation, au même moment où la vente d’alcool faisait son entrée.

Depuis sa fondation jusqu’à aujourd’hui, le commerce avec les Innus a été au cœur de l’activité du magasin. Jusqu’en 1981, Ti-Can était le dernier marchand de fourrures de Natashquan. Par la suite, le poids démographique de Nutashkuan et sa proximité avec le village de Pointe-Parent ont maintenu l’importance du contact entre les peuples : le fait que tant Jean Landry que sa nièce Alfreda maîtrisent la langue innue en témoigne.

Tous semblent donc d’avis que la passation du magasin entre mains autochtones est la suite normale des choses. Une nouvelle page de l’histoire du commerce à Pointe-Parent commence à s’écrire.

 

 

 

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