La pêche commerciale – avec une variante scientifique

Le gouvernement fédéral a récemment accordé une subvention de 260 000 $ à la communauté de Nutashkuan, afin de procéder à la collecte de données en lien avec la quantité de homards dans certains secteurs entre Havre-Saint-Pierre et La Romaine. Cela s’effectue à l’aide de la pêche scientifique, aussi connue sous le nom de pêche exploratoire, une forme de pêche qui en est à sa deuxième année avec les pêcheurs de la communauté de Nutashkuan. La question peut cependant se poser : pourquoi effectuer de la pêche scientifique?

Olivier Savard, journaliste, Initiative de journalisme local

L’idée, qui est venue il y a deux ans de la communauté, a occupé trois bateaux ainsi que trois biologistes durant l’été, afin de récolter des données sur les prises et de les transmettre au ministère des Pêches et des Océans (MPO). Cela s’effectue pour éventuellement obtenir des permis de homards du ministère qui sont basées sur les données, puisque peu de permis de pêche au homard sont disponibles dans les zones 15, 16 et 18, qui couvrent l’entièreté du territoire de la Côte-Nord, de Blanc-Sablon à Tadoussac.

« C’est la première fois qu’on reçoit une subvention pour faire de la pêche exploratoire », affirme le coordonnateur des pêches au Centre d’affaires de Nutashkuan Pierre Wapistan. « Ça n’a pas tout couvert les coûts, mais ça a beaucoup aidé. L’an dernier, on a eu à défrayer tous les coûts pour la pêche scientifique. » La zone couverte cet été par les trois navires était la zone 18G, soit approximativement entre Baie-Johan-Beetz et Havre-Saint-Pierre. Cela s’est fait durant la saison de pêche au homard, qui a débuté en mai et qui s’est terminée à la fin juillet.

L’initiative vient dans le contexte de développement économique, qui a également vu la flotte de bateaux de Nutashkuan passer de deux à quatre en peu de temps. « Il y a présentement quatre permis pour la pêche commerciale au crabe – deux dans la zone 15 et deux dans la zone 16, et deux permis pour la pêche commerciale au flétan et au poisson de fond, mais il y a juste un permis de pêche commerciale pour le homard, dans la zone 18H », explique le capitaine du CMN Nutashkuan Guy Thibault. La flotte, précédemment composée du Lady Rachel en cours de reconstruction et acheté usagé en 2009, et du CMN Nutashkuan, commandé et livré en 2004, s’est vue être augmentée de deux autres navires : le Pashtiennis, livré en 2020, et le Ashatsheu, reçu cette année.

La communauté ne tire pas un grand montant de la pêche commerciale pour le moment, par contre. « On a fait entre 40 000 et 50 000 $ la saison dernière, et on a fait entre 30 000 et 40 000 dollars cette année. On ne récolte pas la totalité des quotas mais c’est en raison de problèmes d’employés, il y a des gens qui se présentent au travail mais il y en a d’autres qui ne se présentent pas », déplore M. Wapistan.

Pour ce qui est des permis supplémentaires, « on aimerait que ça arrive pour l’an prochain, mais il n’y a rien de certain avec le ministère », selon Guy Thibault. Cela permettrait d’agrandir les zones pour lesquelles des permis sont déjà disponibles. En effet, la pêche commerciale au homard a connu une expansion considérable depuis plusieurs années et peu (voire pas) de permis sont disponibles pour plusieurs sous-zones. Seulement quatre permis étaient valides pour la zone 18H (entre Pointe-Parent et Baie-Johan-Beetz) durant la saison de pêche 2022, et un seul permis de pêche l’était pour la zone 18G (entre Havre-Saint-Pierre et Baie-Johan-Beetz) durant la même saison.

En comparaison, la zone 16 (entre Kegaska et l’archipel de Sainte-Marie) est l’hôte de neuf permis de pêche, et pas moins de 66 permis sont valides pour la zone 15 (entre l’archipel de Sainte-Marie et Blanc-Sablon). Finalement, la zone 18I, située entre Pointe-Parent et Kegaska, n’avait pas de permis spécifique mais était ouverte aux détenteurs de permis pour la zone 16.

De plus, seulement trois permis étaient valides dans les zones 18B, C et D, soit un permis chacun, pour un espace qui s’étend de Baie-Comeau jusqu’à la rivière Bouleau, située à 65 km à l’est de Sept-Îles. Pour les zones 18E et 18F, soit de la rivière Bouleau à Havre-Saint-Pierre, aucun permis ne semble avoir été distribué, d’après les données du MPO. En comparaison, la zone 15 pour la pêche au crabe, qui se situe entre Natashquan et la baie Coacoachou, à une vingtaine de kilomètres à l’est de La Romaine, comptait trente permis de pêche pour la saison 2022, et la zone 16, qui s’étend de Pointe-des-Monts jusqu’à Natashquan, était titulaire de 51 permis. La pêche scientifique, également désignée comme pêche exploratoire, permet donc de récolter des données sur des zones où elles sont rares, afin de mieux évaluer l’abondance de homards dans les endroits où elle est effectuée, et de réviser le nombre de permis en conséquence.

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